Effarée ô ma dune est

Grande marée, vent fort soutenu d’ouest. La dune a subi une nouvelle fois en ce mois de mars 2021 les assauts de la mer. De nouvelles écorchures viennent sérieusement lui entailler la longitude. « Stressé de l’Ouest  », comme chante Lavilliers dans Etat des Lieux ; « vers quelle latitude » ? de s’interroger les déboussolés du godet. My God, hé ! de s’écrier un ensablé du culte. C’est qu’elle va finir par passer à « ouesse », de s’emballer un autre. La dune qui n’est plus dans son assiette renvoie son sable sur le plateau continental. La dune s’en va canant, ma poule, sussure un autre à sa bergère. Ô dune désensablée que tu as piètre allure ! de gamberger un poète sur la berge essorée. « On a mangé la dune » a écrit un jour Antonine Maillet. Et nous tous de voir la mer se taper la cloche, de becqueter le plat de résistance de nos voies damées inter-îles ! Et qu’est-ce que je vous sers avec le café ? Un petit sablé ?

Tout cela est sédimentaire, mon cher Watson. Un état des lieux qui nous tombe en trombe sur la tronche et sous les pieds.

J’ai noté dans un état de tempête cérébrale que sur la dune le chemin du Sauveur est réglementé. « Le maire de Miquelon-Langlade, en concertation avec les services de l’État, a signé ce jour un arrêté municipal réglementant à titre temporaire la circulation sur le chemin dit de « Sauveur ». »

Sur qui s’appuyer en effet ? Dieu n’est-il pas aussi fiable qu’un banc de sable ? Effarée ô ma dune est, amen…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

5 mars 2021

Photo, HL – 16 janvier 2019