A moi les choux

La guerre de Troie n’aura pas lieu, d’écrire un jour Jean Giraudoux.

La guerre du fret à Saint-Pierre et Miquelon, elle, bat son plein ; c’est la monnaie de la pièce dans un va-et-vient de jeu de quilles entre des manœuvriers qui ne s’entendent pas. Ici, on ne ferme jamais la porte des guéguerres.

  • Qui de Pâris ou d’Achille l’emportera pour la poire, belle Hélène ?
  • Pour la poire je ne sais pas, mais qui l’aura pour sa pomme, pas besoin de chercher loin.
  • Mais qui donc ?
  • Mais, toi, eh, banane !

On a au moins une idée de qui se fait bananer dans ce jeu de faux dupes.

Porter ou ne pas porter le petit fret donne lieu à des échanges enflammés. Vouloir embarquer en étant dans le coaltar te condamnera forcément à rester sur le bitume. En feras-tu tout un fromage, toi qui ne dis boire que de l’eau ?

Tellement chacun se replie sur son quant à soi. (Ou son compte à soi, si tu préfères)

Quoi qu’il en cuise, à quelles coques les œufs seront-ils voués ?

Pendant ce temps, c’est le jeu de paumes, comme on disait autrefois au pied du fronton :

  • A moi les choux…

Henri LAFITTE, Chroniques insulaires
29 avril 2021