Dico mathurinien – Cas

Tant qu’à poursuivre ma diconographie, aussi bien prendre un cas.

Cas, comme cas d’école, bien sûr. Tu pourrais ainsi dire : Emmanuel Macron, c’est un cas et tu ne risquerais sans doute pas de te gourer.

Faisons-en donc grand cas. On retiendra le mot simple sans dédoubler la syllabe, sinon on sera dans la …. On pouvait rire du temps du syllabaire ; on rit moins depuis.

Quand un César revisité se mue-t-il à nos châsses et à nos esgourdes en cas d’espèce ? Passons en revue toute attitude susceptible d’en révéler les signes. Il en est dans ton comportement qui ne souffrent d’aucun doute. D’abord, quand tu le vois, ce politique, sur écran plat et que tu as envie de caresser ton chat, de te curer les ongles, d’en profiter pour vérifier si le pied de ta table est d’aplomb, si ta zappette n’a pas une pile qui perd la face, s’il ne reste pas une bière fraîche au frigo, si t’as pas un petit besoin pressant, si t’as pas oublié ta clef sur la tableau de bord de ta tire qui pourrait se faire la malle, si tu n’as pas le tarin qui rallonge à force d’écouter des balivernes, c’est que l’en-cas ne passe plus…

Donc revenons sur le cas en question, pas celui du mime César, qui peut être un cas d’école, tout comme son premier centurion, mais sur le mot tout court, comme pour un cas de force majeure, ce qui t’amène à penser à l’absence de liberté, ce qui est ton cas pour sortir de ton archipel. Il te faut apprendre à montrer patte blanche avant de te faire triturer les narines. Etre ou ne pas être un cas, c’est le cas.

Dans ce cas, si tu en es un, tu pourras tout envisager, sauf le cas qui peut te tomber sur la tronche. Dans ton cas cela peut te prendre au dépourvu, auquel cas il faudra réfléchir, ce qui devrait être toujours le cas quand on te balance une certitude qui risque d’être prise à défaut.

Quand le vent gonflera à nouveau ton cacatois, tu auras le souvenir d’avoir dû, le cas se présentant, te soumettre à “je vous saurais gré”, “je serai votre obligé”, histoire, cas de santé éventuel, de ne pas faire la carpette tout en fleurant quelque peu la moquette.

En tout cas, tout cela aura pu aller très loin. Jusqu’à faire de toi un cas. Négatif ou pas. Un comble !

Cela ne fait-il pas plus d’un an que, ne t’en déplaise, tu n’es qu’un cas doté de narines ? Auparavant on n’évoquait guère, avec pudibonderie, que les cassos…

D’ailleurs ne t’assène-t-on pas à te conduire de telle ou telle manière, au cas où ? Comme autrefois on baptisait fissa tout nouveau-né, au cas où… Pour ne pas finir dans les limbes… Au cas où…

Au kazoo aussi, si tu veux chanter sans trop te mouiller.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

10 mai 2021