Je peux t’assurer que mon truc ce n’est pas la truite. A cause du goujon ; j’ai passé l’âge de le taquiner. Mais que des loutres viennent perturber les cannes de Jean et Jeanne, comment ne pas rester dubitatif comme Lamartine au bord du lac qui a peut-être écrit son poème en idéalisant une partie de pêche ?
La loutre est d’autant plus perturbante que venant, le soir à la brune peut-être, de l’île Brunette, elle s’est moquée du contrôle aux frontières et du passeport sanitaire. C’est qu’elle est d’un sans-gêne cette Lontra canadensis, surtout qu’elle n’est pas venue toute seule. A ce rythme on va finir par hisser le drapeau à feuille d’érable. L’outrecuidance des loutres nous laisse pantois.
Mais que font donc les autorités ? Je vous le demande. Pour un peu, ce serait la faute de la ministre de la mer. Trop de mer sur la planète favorise inexorablement les migrations. Il est vrai aussi que l’Outre-Mer peut susciter des confusions, y compris chez les mammifères.
La truite est-elle menacée, la pêche dans le lac ? Emotion, peur même, tant il est difficile de ne plus avoir les jetons quel que soit le lieu de présence. De là à chanter : Casse-toi tu pues et marche à l’omble…, comme aurait pu écrire Renaud du temps où il avait la pêche. Non à l’outre-mesure !
Et dire que pendant ce temps il est tant de gens dans les hautes sphères qui font des moulinets !
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
13 mai 2021