Laëtitia Colombani, Le cerf-volant

Petite réaction initiale de scepticisme… Un roman qui fait entrer l’Inde dans le cœur du récit mis en œuvre par Laëtitia Colombani dans Le cerf-volant. Risque d’un « regard (…) biaisé, lourd de préjugés occidentaux sur un monde qui lui est étranger » ? (p.168)

Puis un souvenir qui s’éveille, celui d’un grand moment d’échanges grâce à l’association Misaotra et à une étudiante de Saint-Pierre partie un jour à Madagascar. Une exposition à l’Arche en 2017 ; un film, Les pépites, une aventure extraordinaire, la naissance d’une école au Cambodge…

Scepticisme effacé. Le roman fait écho à cette aventure extraordinaire. Le lecteur est vite happé par ce cheminement humain, celui d’une institutrice portée par son propre drame dans une quête de reconstruction sur la côte du Bengale, au cœur d’une société qui lui est inconnue. Telle est la magie romanesque. L’écriture est alerte, les pages défilent aisément. Les rencontres sont belles et l’on se prend à désirer le meilleur pour les jeunes bannis de tout espoir. Fonder une école pour ceux qui n’y ont pas accès, quel défi ! Et quel regard en creux quand dans notre système on note les pertes d’enthousiasme ! Des enfants qui dansent pour l’ouverture d’une classe, peut-on l’imaginer ?

Dans un monde qui ouvre trop souvent les vannes de la désespérance, il est des jets de lumière salvatrice qui soudain nous illuminent.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

19 février 2022

Laëtitia Colombani, Le cerf-volant, Grasset – 2021 – ISBN 978-2-246-82880-8

Pour rappel : http://www.mathurin.com/2017/04/cambodge-et-madagascar/