Edouard Chevardnadzé, L’avenir s’écrit Liberté

Lire (relire) L’avenir s’écrit Liberté d’Edouard Chevardnadzé en ces temps dramatiques du conflit russo-ukrainien ouvre la voie d’un éclairage instructif.

Ministre des Affaires étrangères pendant 5 ans du temps de l’URSS sous Mikhaïl Gorbatchev, il aura démissionné en 1991 sous la pression des milieux hostiles à l’évolution d’un système verrouillé depuis Staline. 

Ouvrir les relations dans la recherche d’un respect mutuel ; mettre fin à la course aux armements notamment en ce qui touche à l’arsenal nucléaire propre à faire disparaître toute vie sur terre ; trouver les équilibres pour une voie sereine vers la paix et le bien-être de l’humanité…

On sait ce qu’il advint de la Perestroïka du fait des guerres intestines.

La Russie d’aujourd’hui est confrontée à ces forces contradictoires ou l’autocratie l’emporte. Jusqu’à quand ?

Mais n’est-ce pas utile de se poser parallèlement quelques questions décentrées ? Après la chute de l’URSS, les Etats-Unis portent aussi une lourde responsabilité dans le fait de ne pas avoir tout fait pour que la Russie soit traitée comme un partenaire à égalité. Ils ont ainsi contribué à la résurgence des vieux démons qui auraient pu s’estomper avec de réelles avancées. Il fallait donner corps à la « Maison européenne commune » que concevait Gorbatchev, concept élaboré alors qu’il était à la tête d’une URSS qu’il voulait transformer. Gorbatchev aura échoué. L’idée ne demandait qu’à être reprise. Mais un tel ensemble portait atteinte à cette volonté américaine d’être avant tout les maîtres du monde. La confrontation fait aussi partie de la stratégie des Etats-Unis dans un rapport de domination exclusive. Qu’importe si l’humanité joue aux dés avec sa propre disparition.

Que d’embûches, trois décennies après la parution de cet ouvrage, sur le chemin du « principe universel de partenariat, de coopération, de compréhension mutuelle et d’interaction » ! (p.125)

Autre analyse parmi d’autres : « La primauté des intérêts universels sous-entend que tous les gens normaux, quelles que soient leurs différences, sont intéressés dans une même mesure à la paix, à la prospérité et au progrès, à la santé de la société et de l’homme, à la sauvegarde de la civilisation face aux menaces nucléaire et écologique, à la solution des problèmes de développement. » (p.126)

A lire cet ouvrage publié en 1991, on mesure à quel point le chemin peut être éprouvant vers « un monde sans guerres ni violence » (p. 176) On reste pensif devant cette évidence à propos de l’armement nucléaire, rappelée par un homme de grande expérience : « pourquoi des hommes dont la grande intelligence ne fait aucun doute ont-ils tant hésité avant de prendre l’unique décision raisonnable : liquider ce moyen de suicide général ? » (p.176) Pourquoi sont-ils toujours à côté de la plaque ?

L’homo sapiens est capable d’éclairs de génie ; mais il s’enferre trop souvent dans ses turpitudes. Alors que l’interdépendance est la condition même de la survie de l’humanité, Il est urgent, d’échapper aux confrontations manichéennes et destructrices. 

Henri LAFITTE, Chroniques insulaires

31 mars 2022

Edouard Chevardnadzé, L’avenir s’écrit Liberté – Editions Odile jacob 1991 – ISBN : 2-7381-0130-5

P.S. Edouard Chevardnadzé est décédé en 2014