Ito Ogawa, La papeterie Tsubaki

Accepter le dépaysement et se décentrer, telle est la magie de la lecture qui m’aura amené à découvrir La Papeterie Tsubaki de la romancière japonaise Ito Ogawa. Nous sommes au Japon, à Kamakura, petite ville en bord de mer, au sud de Tokyo, à une époque proche de la nôtre. Internet, l’iPhone font partie des outils transversaux. Mais, surprise, la calligraphie est à l’honneur, l’art d’écrire des lettres est loin d’être tombé dans l’oubli. Le personnage principal est une jeune femme ; elle est calligraphe, elle a pris la succession de la Papeterie de sa grand-mère en assumant le métier d’écrivain public.

On entre dans un univers aux codes différents du nôtre. La trame même du roman sort des chemins auxquels nous sommes habitués : quatre saisons et une suite de petits riens qui tissent profondément la vie. On se surprend à être touché ; l’écriture est subtile, la narratrice est d’une grande sensibilité. Nous voilà initiés à la finesse de l’écriture japonaise et l’on comprend la raison d’être de l’écrivain public. Un riche tissu de rites et de rapports humains s’étoffe sous nos yeux. On mesure tout ce que le temps des lettres avait de signifiant. On se prend à méditer : « Si l’enveloppe est un visage, le timbre est le rouge à lèvres qui donne le ton. » (page 80) 

On suit la jeune calligraphe dans son quotidien. Pour un peu on franchirait le seuil de la papeterie afin de lui demander de nous calligraphier une lettre. On se sent bien. Ce roman au format poche est un prit écrin de tendresse. Il n’est pas fréquent d’achever la lecture d’un roman en ressentant un profond apaisement. 

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

17 avril 2022

Ito Ogawa, La papeterie Tsubaki – Editions Pickier – Pickier Poche – ISBN : 978-2-8097-1549-1