Oublier 2022, un soir de 24 juillet, à la Chapelle Sainte Bernadette de Saint-Pierre pour un concert de musique baroque, et nous voilà transportés sous Louis XIV et Louis XV, avec deux compositeurs français au répertoire, l’un pour la viole de gambe, l’autre pour le clavecin.
Le festival des Transboréales aura proposé un concert exceptionnel, ne serait-ce qu’en donnant l’opportunité d’aller à la rencontre de deux instruments peu fréquents sur l’archipel.
Deux grands musiciens portaient le concert, Natalia Cherachova au clavecin et Eric Grellety à la basse de viole.
Et quel régal ! Au programme Marin Marais, gambiste sous Louis XIV et Pancrace Royer, claveciniste du XVIIIe dans des allers-retours judicieux.
Les deux artistes nous auront enchantés par la qualité de leur jeu, mais aussi pour celle de leur présentation, pédagogique avec une pincée d’humour.
Quelle chance aussi de découvrir le potentiel d’improvisation du clavecin et la richesse mélodique et expressive des aiguës aux basses profondes de la viole. Les pièces s’enchaînaient avec virtuosité dans un beau choix rythmique, d’émotion, de sérénité et de joie débridée, bousculant les idées souvent préconçues quant à une musique qui n’aurait pas eu sa liberté imaginative. Qu’un compositeur du XVIIè, Marie Marais, mette en forme musicale sa propre opération à vif d’un calcul à la vessie n’est pas chose banale. Baroque ? Certainement par la grande ouverture offerte aux solistes. A couper le souffle ou donner le vertige, à l’instar d’un titre de Pancrace Royer et à entrevoir des ponts avec la musique d’aujourd’hui, avant de nous laisser à nouveau sur les rives de Saint-Pierre en 2022.
Une grande soirée.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
25 juillet 2022