Sonore boréale au Stella-Maris

Subjugués par un univers en écriture dans un tourbillon rythmique aux sonorités débridées, ainsi étions-nous, grâce aux Transboréales, passagers du Stella-Maris, lieu mythique autrefois à Saint-Pierre pour les pêcheurs des Grands Bancs, en ce mardi 26 juillet 2022 à partir de 18h30.

Devant nous, salle bien achalandée, un ensemble de percussions, puis soudain, un magicien porteur d’imaginaire, Sylvain Lemêtre, dans un récit écrit m’a-t-on dit, par un Rennais, Olivier Mellano, où soufflait – qui sait ? – l’esprit de la forêt de Brocéliande.

Quoi qu’il en fût, nous étions face à un barde époustouflant de la rythmique à la découverte des sons, de leur entrelacement donnant corps et âme à la musique. Quelle présence de l’artiste, conteur, mime et musicien, dans cet imaginaire percussif, par le regard, les silences, l’humour, dans l’alternance des envolées et des pauses où nous nous sentions scrutés. Qu’un camion vînt à passer, le grondement soudain atténué dans son éloignement entrait dans le déroulé scénique sans que son conducteur ait pu l’imaginer. La cloche même de l’église jouait elle aussi tout à coup son petit rôle.

Que serions-nous sans musique, sans propagation des ondes, que tristes fétus sur des berges en déshérence ! Avons-nous mesuré la vitalité de tout ce qui nous fait vibrer ?

Quel solo ! La planète semblait s’être mise en quatre, par la magie créatrice de l’artiste, les couleurs venues de l’au-delà des océans, pour déployer l’extraordinaire richesse de ses sonorités.

Ai-je rêvé ? Il me semblait que les ailes de toute morosité s’étaient volatilisées. Ne flottait à l’issue du concert qu’un grand bonheur partagé.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

26 juillet 2022