Isabelle Autissier, Le naufrage de Venise

Venise qui fait naufrage, aurais-tu pu l’imaginer, ô lecteur ? C’est ce que fait Isabelle Autissier dans… Le naufrage de Venise.

Dès les premières lignes on est capté par la beauté du style de l’auteure, sa force évocatrice, le fonds de recherche qui sous-tend le roman. Nous entrons de plain-pied dans une réalité qui ne touche pas que Venise, même s’il s’agit d’une anticipation sur de fortes probabilités de survenue. Modification climatique, montée des eaux, certes, mais aussi la résultante de la folie humaine, des chocs mettant en péril les assises de la ville montée sur des pieux plusieurs fois centenaires, le tourisme de masse avec des bateaux de croisière qui participent au travail de sape sous-marine…

Le roman nous met au contact des acteurs, les promoteurs à tout crin et les lanceurs d’alertes non écoutés. Le récit dès le début nous propulse au cœur du drame. Il est d’autant plus poignant qu’on le vit par l’intermédiaire d’une famille – le père, la mère, la fille – au coeur des divergences de points de vue, alors que « l’abîme se rapproche » (p.229)

Cette mise en situation romanesque en des temps qui nous parlent, dûment documentée, nous amène inexorablement à nous interroger, dans nos milieux respectifs, quant aux choix qui prévalent alors que de nombreux indicateurs révèlent des points de bascule sur l’état de la planète. Un tel récit remplace efficacement bien des palabres.

L’après-lecture a son lot de questionnements.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

31 juillet 2022

Isabelle Autissier, Le naufrage de Venise – Stock – 2022 – ISBN : 978-2-234-09110-8