Comment ne pas être perturbé par ce que prétend être l’homo sapiens ? A peine étions-nous sortis d’un bouleversement pandémique, l’entrée des troupes russes en Ukraine début janvier 2022 a fait entrer le monde à nouveau dans une spirale folle. « C’est partout le bruit des bottes »…, comme chantait Jean Ferrat.
Les tenants des armements s’en donnent à cœur joie… Homo demens, dirait Edgar Morin. Terrible humanité en proie à ses contradictions. Désir de vie, désir de destruction… Lumière et ténèbres., maelström vers l’inconnu.
Aussi ai-je pensé joindre ici une chanson écrite le 22 janvier 1984 et publiée dans Chansons de bruine en 1989.
Discutez, discutons
Discutez, discutons
Du gel ou du printemps
Le cul sur des ogives
Le cœur à la dérive
Autour d’un tapis vert
Mis en fait à l’envers
Tapis rouge de sang
Du sang de nos enfants
Discutez, discutons
Du gel ou du printemps
L’amour est un fossile
Au royaume des missiles
Autour du tapis vert
Les plénipotentiaires
Des pays surarmés
Font la nique à la paix
Discutez, discutons
Du gel ou du printemps
La vie n’est plus de mise
La paix fait sa valise
Autour du tapis vert
On fait sauter la terre
À l’abri des bunkers
Chantent les militaires
Discutez, discutons
Du gel ou du printemps
On sable le champagne
Au bunker de cocagne
Autour du tapis vert
Les plénipotentiaires
Arborent émus et fiers
Leurs belles croix de guerre
Et ne discutons plus
Pleurons nos disparus
Et levons donc nos verres
Vive le nucléaire
Autour du tapis vert
Les promus de la guerre
Apposent leurs paraphes
À l’unique épitaphe
Oublions le passé
La Terre a trépassé
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
12 janvier 2023