Daniel Pennac, Au bonheur des ogres

On peut laisser un roman lanterner sur une étagère des années puis soudain le saisir et réaliser avec étonnement qu’on l’avait oublié. Terrible destinée des imaginaires déposés sur le papier.

Ainsi en aura-t-il été d’Au bonheur des ogres de Daniel Pennac. Un titillement agréable. J’aurais dû le lire plus tôt. Mais un roman qui lanterne sur une étagère finit un jour ou l’autre par nous éclairer. Registre polar, quoique… De la fantaisie, de l’imagination débridée, de l’humour…, tout ce qu’il faut pour envoyer balader toute forme de sinistrose.

Un grand magasin, un gars – le personnage central – employé comme « bouc émissaire », c’est-à-dire prendre les coups des réclamations, il fallait y penser. Intrigue, originalité des caractères, on ne s’ennuie pas et l’on passe un bon moment grâce à un style qui virevolte.

Il est même des phrases qui donnent tout un éclairage sur le fonctionnement de notre organisation jacobine : « Savez-vous ce que Clémenceau disait de son chef de cabinet ? Il disait : « quand je pète, c’est lui qui pue. » » (p.102)

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

4 février 2023

Daniel Pennac, Au bonheur des ogres – Le livre de poche, 1997 – 2-07-038059-9