« Vivre ce n’est pas se résigner » (Camus)

« Vivre ce n’est pas se résigner » a écrit Albert Camus. Alors que la caste néo-libérale au pouvoir sacrifie tout un pays à la financiatisation à outrance de la vie, le peuple dit Non. 

Certes il ne s’agit pas de s’enfermer dans l’opposition binaire entre « Le travail c’est la santé » et « Travailler c’est trop dur ». Il est si facile de jouer à noir ou blanc. En terme de masse, l’espérance de vie a certes augmenté. Mais cela masque le réel de chaque individu. Le cloisonnement des professions, l’amorce de la vie professionnelle plus tardive du fait des études, les problèmes de santé qui surviennent le plus souvent vers la mi-soixantaine sont des données à prendre en compte si un droit à un art de vivre est pris en compte. S’agira-t-il de faire des économies sur la retraite par répartition en réduisant drastiquement le temps de pouvoir en bénéficier ? Faudra-t-il alors alimenter massivement les caisses à même de prendre en compte les arrêts maladie longue durée plus nombreux du fait d’un prolongement à l’aveugle de l’obligation de travailler ? 

« La notion d’espérance de vie en bonne santé – qui figure au centre des débats sur l’âge de départ à la retraite – est différente. En France, en 2020, elle s’élevait à 65,9 ans pour les femmes et 64,4 ans pour les hommes » (sciences et Avenir 3 février 2023)

Dans un microcosme à circuit fermé comme le nôtre où les emplois du tertiaire prédominent, sans grande marge de reconversion possible au fil des décennies, les effets induits risquent d’être douloureux.

La France a besoin de retrouver une dynamique industrielle, industrieuse, pour créer des emplois et ainsi alimenter les caisses pour que chacun puisse bénéficier d’un équilibre de vie incluant la prise en compte des ans qui se font inexorablement un jour sentir. Au lieu de mettre en œuvre une approche dynamique de la vie professionnelle, tout n’est-il pas fait aujourd’hui pour qu’émerge le ressenti de l’asservissement et de l’insupportable, ouvrant ainsi la voie d’un désengagement contraire à ce qui est souhaitable ?

Les tenants de la financiarisation dérégulée n’ont qu’un seul leitmotiv : casser tous les services au public, donc s’en prendre au peuple souverainement méprisé en mettant sur le marché tout ce qui a trait à la vie. La déconnection entre le Pouvoir et les citoyens est abyssale. Les mots employés d’en haut ne recoupent pas le vécu du peuple. Ce pouvoir ne comprend pas qu’il ne soit pas compris où joue le jeu de l’incompréhension, persuadé d’arriver à ses fins.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

7 février 2023