De l’art en vrac…

Il était en ce printemps 2023 trois jours de festival consacrés à l’art – peinture, sculpture, photographie… – à Salies de Béarn, petite ville de 4555 habitants. 8 au 10 avril 2023 : un grand rendez-vous, 21 lieux, 83 artistes.

Le temps était de la partie, le week-end de Pâques sous de tels auspices de soleil propice à la flânerie, à la découverte, aux rencontres et aux enchantements. Mais au terme de telles journées, on a le pincement au cœur, faute, on le sait, de ne pas avoir pu tout voir. Contempler, échanger avec les créateurs, cela prend du temps et le hasard nous entraîne dans ses filets.

J’aurai été pour ma part accroché par l’oeuvre de Souleymane Konaté de Côte d’Ivoire qui a des galeries à Washington, à Londres, à Genève. Un peintre reconnu mais qui aura gardé une beauté d’âme nourrie des fibres de son pays. Thématique des racines premières, de l’acacia porteur d’une autre écriture de la Genèse, importance du regard, s’enchevêtrent dans des tableaux riches de couleurs. Un autre artiste ivoirien, Ballo, était présent avec ses sculptures. Et quel échange d’humanité chaleureuse avec lui ! Quelle surprise de nous reconnaître dans la musique de Toumani Diabaté, le maître de la kora au Mali !

Julia Baucou, du Béarn, présentait une sélection de ses toiles, offrant ainsi l’opportunité de goûter pleinement la diversité chaleureuse de sa palette, dans l’atelier enchanteur du photographe Eric Chague-Maderou qui ne pouvait que retenir l’attention par la justesse de son regard, son attention à la couleur, ses clichés pris au fil de ses voyages. 

Solo Bambara, originaire du Burkina, établi du côté de Toulouse retenait aussi mon attention par ses œuvres réalisées à partir de toutes pièces de métal de récupération. Travail de la pierre, du bois, du métal nourrissent sa palette de créateur expérimenté, impliqué aussi dans l’animation d’ateliers auprès des jeunes.

Au Palais des Congrès, les peintures sur palettes de bois de Gilles Lavie, d’Arbonne au Pays basque, auront aussi retenu mon attention, occasion d’échanger avec lui sur sa façon d’intégrer les surprises du matériau lui-même dans ses tableaux. Les œuvres de métal du sculpteur Pedro Fremy ne pouvaient que couper le souffle par l’invite au regard décalé. 

Mais comment ne pas être envoûté par le fait de circuler au coeur de cette petite ville avec l’embarras du choix pour poser le regard ! Un art en vrac et captivant.

A noter enfin la participation des écoles et des collèges pour la réalisation des banderoles pour donner le LA en couleurs de l’événement.

Ainsi vont les initiatives qui donnent du sens à une communauté.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

11 avril 2023