Ananda Devi, Sylvia P.

Il est une série éditée par le poète Bruno Doucey qui aura retenu mon attention depuis Caché dans la maison des fous. On part à la découverte de destinées le plus souvent méconnues ou sous-estimées, et qui, par le regard d’un auteur, frappe l’imaginaire.

Ananda Devi, femme de lettres de l’Ile Maurice, aura ressenti dans Sylvia P. le besoin impérieux de se pencher sur le rapport douloureux de deux poètes anglais Sylvia Plath et Ted Hughes, présentés comme deux références majeures de la poésie anglaise. J’ai toujours un frémissement particulier dans ce genre de situation, découvrant des noms pour la première fois. Suis-je face à la grande question de ce qui nous anime dans l’écriture ? Qu’en restera-t- il à l’échelle temps planétaire ? Mais n’est-elle pas au cœur des cheminements humains ?

Nous sommes, avec ce regard biographique intériorisé, devant une destinée qui ne peut pas nous laisser indifférent. Deux êtres s’unissent par amour pour l’art. Mais un rendez-vous dramatique les attend par le suicide de Sylvia à 27 ans.

Quel aura été le ressort de cette tragédie ? Nous touchons là les profondeurs de la sensibilité créatrice. 

« Chaque mot, chaque ligne, chaque poème, renvoie le poète à lui-même et à son insuffisance. » (p.96)

Sylvie P. retient aussi l’attention par l’écriture d’Ananda Devi riche de poésie, dans une convergence de sensibilité féminine. La poésie n’est-elle pas funambulisme sur un fil d’Ariane dont on ne sait à quoi il s’attache ? Mais n’est-ce pas le lot de la vie ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

4 mai 2023

Ananda Devi, Sylvia P. – Editions Bruno Doucey 2023 – ISBN : 978-2-36229-429-7

Lien : http://www.mathurin.com/2015/10/cacha-dans-la-maison-des-fous/