Il a 31 ans, il est roi, il veut voir la mer.
Il s’appelle… Louis XVI.
C’est à une page d’Histoire méconnue que nous invite Gérard de Cortanze dans son roman Le roi qui voulait voir la mer. On y découvre un monarque qui échappe à tout ce qui l’étouffe à la Cour. Nous sommes en 1786. La France est en proie à de profonds bouleversements qui annoncent une grande tempête. Louis XVI en est conscient, même s’il ne peut imaginer ce qui s’ensuivra. En cela réside notre point d’accroche en tant que lecteur et le récit nous retient aux manches.
Un roi avide de prendre toute la mesure de « l’immensité du monde » (chapitre 12) et qui à Cherbourg réalise son « rêve d’enfant » ? Les leçons d’Histoire ne nous ont-elles pas détourné de la complexité d’une France à l’aube de nouveaux défis ? Le récit est documenté, subtil dans les observations et nous permet de prendre la dimension d’un homme aux prises avec son statut. Et qu’à cette occasion le roi énumère sa satisfaction de voir certains objectifs maritimes atteints tels que : « indépendance des États-Unis, abaissement public et réel de l’Angleterre, récupération de Saint-Pierre-et-Miquelon et des pêcherie de Terre-Neuve… », n’y a-t-il pas là un attrait supplémentaire et de quoi nourrir la réflexion ? La France a-t-elle pris la dimension de son espace maritime aujourd’hui ? 1786… 2022…
Les pages du roman sont nourries de tout le ferment des années en latence. Les doutes qui taraudent Louis XVI s’y révèlent au détour du périple, conscient que nombreux dans son entourage étaient ceux qui désiraient sa chute.
Avec ce roman, nous voici dans le sillage de ce « roi qui voulait voir la mer » et la lecture en est captivante.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
28 décembre 2022
Gérard de Cortanze, Le roi qui voulait voir la mer – Albin Michel 2021 – ISBN : 9782226469120