Chronique du 27 décembre 2004

Scène cocasse à la messe de Noël 2004 à Saint-Pierre. La chorale dans ses habits d’apparat entonne « Minuit chrétiens » ; l’évêque glisse dans la coursive gauche de l’église à pas feutrés, mitre sur la tête et crosse à la main. Au beau milieu de l’assistance, près de l’allée centrale, un fidèle âgé s’en donne à cœur joie. Nom de Dieu, il est content ! Ça lui rappelle son enfance. Alors il chante, d’une voix de stentor, en léger décalage, et le timbre un peu faux de surcroît. Qu’importe ! Les oreilles des voisins en souffrent un peu. Faut dire que ce moment de retrouvailles dans la cathédrale fait partie d’un rituel avant les agapes et la descente du Père Noël dans les cheminées. Alors un casse-esgourdes, ça vous sabre les prémisses de la fête.

L’évêque marque une pause, se tourne vers le héraut, l’exhorte à rabaisser le caquet, histoire de ne pas effrayer le petit Jésus qui flotte dans l’air avec sa flopée d’angelots. Pitié pour Marie, mon fils ! Elle se remet de son divin accouchement… Au diable l’avarice ! Pas question de lésiner sur les notes ! Et le chrétien de s’écrier peut-être « Merde à Vauban ! » dans son for intérieur. « ‘MINUIT CHREEETIENS, C’EST L’HEUEUEUEUEUERE SOLENNEEEEEELLLE… »

La messe est dite, faudra boire le calice jusqu’à l’heure de se mettre au lit, de soupirer un diacre. Il ne reste plus alors aux témoins de la scène qu’à se réfugier dans des messes basses parallèles, fort courantes dans ce genre de circonstances… »

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 décembre 2004