Chronique du 27 février 2006

N’y aurait-il pas tout simplement crise identitaire dont les politiques ne seraient que les épiphénomènes ? Hein ? Je te le demande comme ça, ô lecteur mathurinien, parce qu’en regardant mon marc de café, au petit lever – faut bien gérer comme on peut l’abondance de grain à moudre -, je n’y ai rien trouvé.

Il ne s’agit pas, tu l’auras compris, de porter le doute sur tout velléitaire de grands desseins propres à nous réchauffer la couenne. Que nenni ! N’avons-nous pas besoin de rêves et de porteurs de flambeaux ? La vie ne se joue-t-elle pas en partie par délégation ? Là se nichent d’ailleurs trop souvent les ferments de la désillusion. Sur un Archipel aussi réduit que le nôtre, les insatisfactions, les rancoeurs ne se diluent pas aussi facilement que sur de plus grands espaces.

Peut-on espérer un renouveau ? Rien que d’employer ce mot me chagrine. N’est-il pas le constat d’un manque, d’un foirage collectif ? Car le doute s’est emparé des esprits quant à la notion même de représentation. Pourquoi en sommes-nous là ?

Il est des rendez-vous qui facilitent les remises en question. Mars 2006 fait partie de ceux-là C’est le lot commun de la démocratie, dira-t-on. A condition que ce ne soit pas une simple loterie.

Qui saura mettre à nouveau un peu de panache dans notre désir d’affirmer encore demain l’originalité de nos îles ? La réponse n’est pas par définition singulière.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
27 février 2006