Chronique du 7 mars 2006

Castagne entre jeunes et gardes mobiles en goguette dans la foulée d’un nouvel arrivage un samedi de guinguette – l’enquête (qui la mènera ?) déterminera si la main culottée d’un zouave peut être à l’origine des échanges de calottes -, et c’est le principe même de l’ordre public qui est remis en cause. Que l’on rapatrie définitivement le contingent du désordre, de réclamer illico au Gouvernement le député en ce 6 mars 2006.

Décidément les électrons de la morale auront laissé une triste image au fil des ans sur nos rochers vus le plus souvent comme terre d’exercice d’une arrogance képisée. L’omniprésence de la force gendarmesque devient intolérable et n’a pour corollaire que le contraire de ce qui doit prévaloir dans une société sainement policée.

Qu’on ne s’y méprenne pas. Ici, les insulaires sont respectueux de l’ordre ; les « bleus », à condition d’être sainement dirigés, s’intègrent sans problème. Mais les dérives récentes dans le rapport négatif aux jeunes, en particulier, sont destructrices.

Il est donc grand temps que la sagesse regagne nos galets et que les hôtels prennent le pas sur les blockhaus de la certitude. Où est le temps où l’on prenait plaisir à se faire prendre en photo avec les représentants des couleurs françaises, du temps où on ne cherchait pas à se la jouer par forfanterie ? Ne subodore-t-on pas comme un relent d’impunité de caste ?

Tout corps social a besoin d’équilibre ; aujourd’hui, ce dernier est rompu à Saint-Pierre et Miquelon. Et le député ne peut que s’alarmer à juste titre des dérapages qui surviennent. A diaboliser les autochtones, ne cherche-t-on pas tout simplement à transformer une aire de paix en tambour de l’enfer, histoire de mieux faire passer des mesures de rétorsion ?

Ne vous gendarmez pas, rétorquera-t-on à une population en émoi. Difficile, messieurs, de nous prendre pour des bleus, d’observer un témoin du passé.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 mars 2006