Chronique du 14 juin 2007

« Vivre ce n’est pas se résigner » aura écrit Albert Camus. Vivre notre insularité dans un contexte économique difficile n’est ni se résigner à l’impossible ni à l’asservissement. C’est la raison pour laquelle le discours de soumission à l’air du temps me paraît d’autant plus insupportable. Il faudrait donc se résigner à la négation de la volonté ? Quel bonheur de constater que de nouveaux porteurs d’enthousiasme aient envie de relever les défis inéluctables ! C’est de cette valeur-là dont Saint-Pierre et Miquelon a besoin.

Nous avons la chance de vivre sur un Archipel protecteur, mais nous éprouvons la grande souffrance de l’incertitude dans une insularité bousculée sur ses racines fondatrices. Que peut être demain dans un contexte de raréfaction des produits de la mer ? La valeur ajoutée dans ce qui subsiste ne suffit plus à garantir le développement. N’est-il pas temps de faire un retour sur nous-mêmes, voire de nous auto évaluer ? Peut-on se contenter de se payer de mots comme dans tant d’échafaudages sans lendemain ?

Difficile de prétendre trouver la solution miracle. Mais il n’est pas interdit de se dire que le succès est aussi question de méthode, d’angle de travail, de point de vue. Le renouvellement des hommes ou des femmes donne ainsi les conditions d’une nouvelle ouverture. De nouveaux espoirs peuvent ainsi se ressourcer, de nouvelles impulsions peuvent être données. C’est en cela que la démarche d’Annick Girardin revêt un intérêt indéniable et qu’elle peut retenir l’attention d’une majorité de ses concitoyens.

Il ne s’agit donc pas de placer la candidate sur un piédestal qui n’a aucune raison d’être, tant l’Absolu n’existe pas en politique, de même qu’il serait indécent de passer les bornes de l’analyse critique en jugeant de l’action politique d’un député sortant, qui aura fait sa part pendant vingt-un ans. Il n’en reste pas moins que sa longévité est propice au questionnement.

Il est rassurant que de nouvelles énergies se manifestent, sinon nous serions voués à l’étiolement, prélude à la disparition.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
10 mai 2007