Pêcheur de homard, musicien, sculpteur de sable, sculpteur de neige, conteur… Tel est André Vigneau, revenu une nouvelle fois sur l’Archipel, d’île en île, Îles de la Madeleine où sont ses racines, îles de Saint-Pierre et Miquelon.
Hasard de la vie qui fait que l’on sympathise dans un moment de pause au cours duquel nos histoires s’entremêlent, au goût de sel ; les îles d’André Vigneau ne sont-elles pas accrochées au sommet de piliers de sel sous-marins ? Et nos échanges de sillonner galeries souterraines et sillons de mer.
Centre culturel, au soir d’histoires et de chansons partagées. Le conteur est sur scène. Non loin, à la patinoire, un loto, organisé par le Club des Lions. 10% de la population s’y sera déplacée. Cela n’aura pas empêché la diversité des sorties nocturnes ; il y a du monde dans la salle de théâtre. Une chaise, un micro, et sur le côté, un violon, symbole des veillées marines.
Le registre est celui de la narration tranquille, un soir d’intimité. Quatre contes qui se succèderont, entrecoupés d’une pause à mi-parcours. Histoires de temps difficiles quand l’isolement d’alors était une vraie réalité, au cœur de l’hiver ; histoire de tempête et de naufrage ; histoire de l’obstination folle d’un capitaine ; histoire d’entraide et de débrouillardise pour contrer le sort ; histoire d’amitiés, de partages ; histoire de respect entre générations, de passation de témoin ; amour au rendez-vous pour panser les plaies ; histoire d’un temps où la communauté insulaire soudait hommes et animaux. Belle histoire que celle de Farmer, le cheval, qui, après avoir traversé une baie glacée entre deux îles, un jour d’hiver et de grand froid à vous souder les flots, est vendu par son propriétaire, pour solde de jeu de cartes, et qui, au printemps, traverse le détroit et retrouve les siens.
Sans doute, dans nos temps agités, de zapping effréné, oublie-t-on les bienfaits du récit, ciment de rencontres chaleureuses. Il suffisait, ce soir-là, d’aller à la rencontre.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 octobre 2008