Chronique du 22 novembre 2009 (2)

Il était une fois deux banques, l’une le Crédit Saint-Pierrais, l’autre, la Banque des Îles. Chacun avait ses habitudes, ayant opté pour l’une ou l’autre. Choisir faisait partie du charme des transactions. L’on en arrivait même en tant que client à s’intégrer dans les us et coutumes de l’une ou l’autre.

Puis vint la vente d’actions très catholiques dans un pays de bons chrétiens. Mon Dieu ! My God ! Michel ! Tu permets que je t’appelle Michel ? Qui fait l’ange, voire l’archange, peut faire le bête, n’est-il pas vrai ? Et l’astre solaire de la fusion des deux gros atomes de rentrer en action, pour le grand bien, tu l’auras compris, de ceux qui avaient à choisir entre deux seuils de portes. C’est ce qu’on s’évertua tout au moins à nous démontrer.

Naquit ainsi de l’annonce faite aux marris le bébé de la Banque de Saint-Pierre et Miquelon. Et nous tous de jouer l’âne ou le boeuf.

Comment, me suis-je dit, réussiront-ils à faire entrer sous le même toit d’une nouvelle construction aux dimensions modestes les personnels de deux structures plus grandes qui souffraient d’être à l’étroit ? Avec un planning des trois-huit ?

L’actualité vient rallumer les interrogations. Le groupe bancaire né de la fusion des Caisses d’Épargne et de la Banque populaire aura été amené, aura-t-on appris par Reuters le 22 novembre 2009, à recapitaliser OCEOR, la « chasse gardée », dit La Tribune, d’un président débarqué il y a quelque temps de la Caisse d’Épargne pour mauvais « trading », et qui coiffe notamment… la Banque de Saint-Pierre et Miquelon. Mais pas à cause de nous, non. Pour compenser les trous de la banque de La Réunion qui aurait subi des pertes sensibles en 2008. « Pour toute explication, la banque s’est bornée à évoquer une “dégradation du portefeuille clientèle qui pâtit de la crise économique actuelle”, puis une “situation locale dégradée”. » de rapporter le journal La Tribune dans son édition du 22 novembre 2009 ». Mais au fait, cette banque de La Réunion n’était-elle pas une référence de réussite du temps du Crédit Lyonnais ? Aujourd’hui on parle de perte de 51 millions… Une goutte d’eau dans l’océor…, euh, pardon, je bafouille, dans l’océan ?

Qu’aura pu donc compenser le sacrifice du Crédit Saint-Pierrais ? En économie, on ne meurt pas impunément. Mais celui qui met le cap à ouest n’est pas obligatoirement le mal portant. Ainsi en va-t-il de notre monde où les rênes de la finance échappent aux canassons que nous sommes. Qui restera en selle demain ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
22 novembre 2009