Chronique du 20 avril 2010

« Je ne sais pas encore ouvrir ou fermer un volcan et je ne maîtrise pas les vents », a déclaré Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie. Ouf ! Enfin une bouffée d’oxygène, un ministre qui dit : « Je ne sais pas… » Aurait-il pu s’abstenir d’ajouter « pas encore », tant la politique peut déformer le langage ? Retenons le « pas encore » sous-jacent à la plaisanterie probable, au sous-entendu : faudrait peut-être nous lâcher un peu les basques avec vos questions à la con. Un vol au-dessus d’un nid de coucous, on peut en faire un film, mais au-dessus d’un volcan, c’est encore plus craignos. Un monde de fous, je vous dis, quand soudain l’impensé devient réalité. L’homme se retrouve les ailes au sol ; il sait marcher pourtant, mais cela ne lui suffit plus. La terre est devenue asile ; ne cherche-t-il pas en permanence à s’en échapper ?

Nicolas Sarkozy, lui, cherche désespérément à décoller en s’agitant dans le 9-3. Mais tout le monde ne s’appelle pas Eyjafjallajokull ou Henri IV ; qui suit désormais son panache bariolé ? Nicolas promet la « fermeté absolue » dans les banlieues, a-t-il déclaré. Ça ne vole pas haut, vu que ça n’a jamais décollé, depuis le temps qu’il promet de clarifier l’air des banlieues. Un peu de poudre aux yeux dans le smog des promesses, ça ne changera pas bézef.

La politique rase-bitume cherche sans cesse de nouvelles envolées.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
20 avril 2010