Chronique du 15 juin 2011

Ainsi sommes-nous sortis de quatre jours de beau temps consécutifs, certes quelque peu frisquets, mais suffisamment lumineux pour que se dissipent enfin nos brouillards intérieurs. C’est te dire. Comment ne pas être sensible à la rumba des tondeuses à gazon tout autour de l’île, au fumet des barbecues, te promenant la truffe alertée par les agapes sous abri ?

Une fin de semaine à rallonge de Pentecôte à vous en mettre plein les mirettes. Je me suis surpris lundi après-midi, sur la rive de Ravenel, captivé par la frontière indéterminée entre ciel et mer d’un bleu pastel, alors que le vent avait décidé de faire relâche. Il aura fallu le battement d’ailes d’une mouette indolente pour que je distingue soudain le haut du bas tellement la scène était renversante.

Nous aurons donc profité de ces jours d’invite à flânerie, le regard attiré ici et là par des chevaux tout à leur affaire, encolure baissée vers les herbes tendres. Plaisir des graminées, de soupirer un chien à lapins, attaché à son « cabanon pas plus grand qu’un mouchoir de poche », comme dit la chanson.

Il arrive alors, quand on retient son souffle, que le temps suspende son vol.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
15 juin 2011