Morbihan – Semaine du Golfe 2013. J’aurai vécu, guitare à la main, cet événement nautique sur le port de Baden, à l’embarcadère de Port Blanc pour l’Île aux Moines. Défilé incessant de consommateurs de temps suspendu pour une insularité volée au temps concentrationnaire ; stand chaleureux de Mémoire et Patrimoine des Terre-Neuvas ; plaisir de partager nos journées entre échanges et chansons ; tournoiement de voilures qui se précipitent dans la rade portées par le flux impétueux de la marée montante ; vieux gréements sortis de l’imaginaire, yoles et mastodontes, doris, sinagots, thoniers, cotres, bateau-feu, couleurs virevoltantes, tournoiement de ciels gris et d’azurs se jouant des nuages qui soudain s’égaillent au gré du vent.
Nous étions au cœur d’un printemps velléitaire, heureux pourtant sous nos polaires bienvenus. Mes pensées voguaient vers le fléchissement possible des courants marins, des flux aériens. Entre l’inéluctable insondable et l’insouciance d’un événement touristique majeur pour le Morbihan. 1200 participants au sein d’une flottille impressionnante, comme autant d’étoiles dans cette mer intérieure aux multiples sillons, îles et îlots innombrables. Pouvais-je imaginer que j’allais soudain tomber nez à nez au sein de cette myriade avec Michel Delcourt, passionné de voile, bien connu sur nos îles, petit drapeau de l’Archipel répondant en écho au nôtre qui virevoltait dans notre sillage ? Chaleur partagée au portevoix des mains…
Comment traduire la joie de reconnaître des visages d’un temps passé, alors que je chantais au soleil d’un printemps en goguette sur la scène principale de Port-Blanc. Emotion de résumer nos chemins respectifs avec Rémy Lesénéchal et son épouse. Et puis, deux jours après, à nouveau sur la scène, un compagnon de tournée lointaine, Elvis Artur, son épouse et leurs deux enfants. Joie qui se prolonge alors tard dans la nuit, chansons, souvenirs, Saint-Pierre et Miquelon en filigrane de nos ressentis, farandole magique sous les doigts d’Elvis des cuillères, verres, et autres objets transcendés en écrins de percussions… Grand moment pour moi aussi que d’avoir partagé la scène avec la chorale Du Vent dans les Voiles du Bono qui m’aura fait le plaisir de reprendre Stella-Maris.
Et vous, gens de Saint-Malo, de l’association Mémoire et Patrimoine des Terre-Neuvas, comment pourrait-on oublier la brandade de morue que vous avez préparée à notre intention ? Je vibre encore au déploiement des ailes de l’amitié au sein de notre tablée dans l’intimité chaleureuse d’un gîte. Résonne encore à mes oreilles la chanson « Le Sillon de Talbert », de Michel Tonnerre, admirablement interprétée, au cœur de ses entrailles, par Daniel Jacob, capitaine Terre-Neuvas qui se souvient encore de nos îles comme si c’était un « entre hier et aujourd’hui ».
Semaine du Golfe 2013. Symphonie des vergues de l’enchantement, entre ciel, terre et mer…, pour une nostalgie heureuse…
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
15 mai 2013