Hymne et choeurs à la vie, à Lorient

Imagine une église de construction récente à l’acoustique excellente, à Lorient, vaste avec grande tribune au-dessus du porche. Sainte Bernadette du Kreisker, dimanche 6 novembre 2016 à 16h00, l’enceinte est bondée ; il aura fallu refuser du monde – normes de sécurité incontournables – pour un concert hommage autour d’Edouard Lofficial, auteur-compositeur-interprète de Bretagne de grande sensibilité nourrie d’onde marine, guitariste des Gabiers d’Artimon, concert voulu et organisé par un des co-fondateurs de ce choeur d’hommes à vous faire hisser la grand-voile de la joie, Bernard Dupont, atteint depuis vingt ans par la terrible maladie de Parkinson.

J’aurai sans doute vécu là un des plus grands moments de mon cheminement saltimbanque, guitare au coeur, fibres imprégnées de ma rencontre avec les Gabiers, grâce à Jean-Claude Grandjean qui aura vécu quelques années à Saint-Pierre, membre également de la chorale Paul Kuentz, dirigée par la chef de choeur des Gabiers, Manuela Prado. Aussi me retrouvais-je il y a deux ans dans la grande salle de spectacles de Quéven, dans le Morbihan, pour un concert de soutien aux malades frappés par la maladie de Parkinson. Un d’entre eux, Bernard Dupont, ouvrait alors le concert avec des mots d’une force telle que j’en aurai été complètement retourné. De ses mots, et avec son accord, l’amitié ayant pris corps immédiatement, j’en ferais une chanson, apportant dans l’écuelle de la vie quelques notes de musique.

Bernard m’aura demandé d’être là avec eux tous, à l’occasion de ce nouveau rendez-vous, pour être son porte-voix à l’issue de la première partie, Edouard Lofficial nous ayant transportés dans la grande mouvance de la mer avec ses chansons de chaude vibration. Bernard, l’auteur du texte, découvrait cette fois-ci « Elle… la Parkinson », en musique, en direct et sans filet… Il n’est pas de mot pour traduire ce que nous aurons vécu tous les deux sur la scène, lui portant avec force son combat contre la maladie et moi avec la guitare d’Edouard, désireux de hisser haut les couleurs de la joie contre vents et marées. « Pourquoi faut-il chanter encore ? » m’est-il arrivé d’écrire. La réponse était là, intense, partagée, pour un hymne à la vie, écrit par un homme de 82 ans maintenant qui avait voulu ce dernier rendez-vous public, en musique.

Avec Bernard Dupont

Les Gabiers faisaient vibrer les coeurs, les âmes, en deuxième partie – quelle est belle la chanson des Goémoniers de Michel Tonnerre revisitée par cet équipage magnifique !- , sous la houlette de Manuela Prado, rejoints par le choeur Quéven chante, le choeur Elah de Guéméné sur Scorff et le groupe Cassiopée de Brandérion.

Les_Gabiers.jpg

Combien étaient-ils sur scène ? Je n’ai pas compté ; mais l’ensemble était impressionnant par l’amplitude des chants et des instruments. « Rendez-moi la musique » entonnait Edouard Lofficial, porté par la bordée de l’enthousiasme ; « Kenavo », fallait-il ensuite porter ; nous étions des centaines à reprendre cette joie du partage ; j’imaginais déjà cette grande église reprenant en silence l’écho de cette vibration intense, autour de Bernard et d’Edouard.

Edouard_Lofficial.jpg

« Kenavo à la vie, à la terre, à l’amour… » chantonnaient déjà les mémoires.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
7 novembre 2016

Photos :

Manuela Prado et le public

Avec Bernard Dupont

L’équipage

Edouard Lofficial