Chronique du 30 juillet 2003

A Saint-Pierre, le temps prend son envol mais vers quelle destinée ? Il aura suffi que le brouillard se lève comme un rideau de scène pour que l’on réalise que le paysage se modifie à grands traits dans le quartier des Graves, là où l’avion d’Air Saint-Pierre avait ses quartiers de noblesse, il n’y a pas si longtemps.

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Certes les goélands trouvent encore quelque espace pour y laisser tomber leurs oursins, histoire de les ouvrir ; mais l’ancien terrain d’aviation voit fleurir en cet été 2003 maisons au soleil comme au printemps les gazons s’ornent de pissenlits. La ville de Saint-Pierre s’en trouvera modifiée, le rond-point du Francoforum devenant la plaque tournante d’une ville dont le centre de gravité se sera déplacé. Viendront bientôt les nécessaires réorganisations des trajets du bus scolaire. L’ouverture de quelques commerces de quartier sera-t-elle vue comme une nécessité ? Quels seront les points de convergence de ceux qui verront le centre-ville comme étant éloigné ? Car la saison froide modifie la perception des distances. Le parc automobile n’est donc pas prêt de se réduire, même si la vente des voitures subit cette année un fléchissement ; la dispersion de l’habitat sur toute l’île a d’ores et déjà profondément modifié les comportements.

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Cet élargissement de l’espace vital contribuera-t-il à une meilleure compréhension mutuelle ou à une exacerbation des individualismes ? Il nous appartiendra d’y répondre collectivement.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
30 juillet 2003