Tout près du lac, en joie majeure, à Nantua

Je ne sais où va mon chemin ayant choisi de me laisser porter par les vents du hasard, tel un oiseau au gré des saisons. Je sais que l’été me voit à domicile, que l’hiver me gangue sans état d’âme. Mais des premiers bourgeons du printemps aux rougeoiements d’automne, je vais de lieu en lieu inattendus.

Mes vibrations sont insulaires ; sans doute sont-elles d’un espace-temps dont les règles m’échappent, malgré toutes mes explorations introspectives. Pas de réponse au détour du chemin mais le plaisir que l’on ressent à la découverte des autres dans la multiplicité de leurs environnements. L’inexprimable du ressenti est au cœur des souvenirs qui s’égrènent.

Que peuvent traduire les mots qui soient à la hauteur d’un hymne renouvelé à la joie, vécu en chair et en os ? Qu’est-ce qui peut pousser à tant bouger quand on est d’un point fixe ? L’appel de la différence nourricière sans doute.

L’automne 2017 m’aura ravi de ses couleurs, bretonnes d’abord, en terre désormais familières où vibrent tant de connivences.

Et de me trouver pour la première fois en pays de montagne à Nantua. Quel ravissement ! Petite ville encaissée dans une cluse, couloir perpendiculaire aux falaises calcaires qui m’aura un court instant fait ressurgir le ressenti à Andorre-la-Vielle ; une abbatiale qui méritait qu’on s’y arrête avec en prime un tableau de Delacroix ; un musée de la Résistance qui, à lui seul, a une force d’appel irrésistible. Récemment rénové, dans une ancienne prison au centre de Nantua il vous étreint l’âme. Ici lutter contre l’adversité reflète un courage hors des sentiers battus.

Vient le concert ; conditions son et lumière dont on rêve quand on est prêt à monter sur les planches. Me voilà une fois de plus transporté par le grand cerf-volant de la joie.

Quel baume de jouvence ! Je n’aurais pas imaginé de rencontrer autant de passionnés de chansons sous la houlette de l’association des Arts en Haut-Bugey. Quelle émotion que de rencontrer celui qui depuis des années s’intéresse à mon parcours et qui connaît tout autant l’émission Jambon Beurre, de Patrick Boez, dont il vante la grande qualité !

Je suis sur scène dans la salle où chantait récemment Eric Frasiak. D’autres nous ont précédés. J’entends le public… qui écoute, ondes extraordinaires d’un temps suspendu, bonheur intense.

Qu’il fait bon rencontrer des gens qui portent les couleurs de l’ouverture aux artistes en-dehors des circuits balisés ! Réseau de passionnés qui ouvre ainsi le champ des rencontres chaleureuses, émouvantes.

Chanter Saint-Pierre et Miquelon dans le Jura avec une telle écoute… quelle sève de régénérescence !

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

26 octobre 2017