De toute beauté pour l’ouverture des Transboréales à Saint-Pierre

Décor à te toucher au cœur dès l’entrée dans l’atelier Pierre Hélène aménagé en salle de concert grâce à l’énergie de l’association des Zigotos qui se voue à la restauration des doris et démarrage « de toute beauté » pour reprendre un terme entendu il y a plusieurs années en Gaspésie pour la première soirée des Transboréales, festival à l’initiative de l’artiste de l’archipel, Alexandra Hernandez. La soirée de ce lundi 6 août 2018 affichait complet, 200 personnes, une supplémentaire étant prévue pour le lendemain.

Deux artistes étaient au programme, Mamac, venu de Dax dans les Landes et… Zachary Richard, de Louisiane ! Eh oui ! A couper le souffle.

Mamac, dont j’aurai découvert qu’il aura succédé à Philippe Charlot au sein de Tonton Georges Trio, venu à Saint-Pierre en 2001 lors des Musicales atlantiques, présentait ses compositions, formule voix, guitare. Et le public de se laisser porter par un bel univers de poésie soutenu par une guitare assurée, aux rythmes variés. La sensibilité dans le rapport à la fragilité émanait de plusieurs textes. Deux chansons retenaient mon attention en particulier, l’une en forme d’hommage tout en évocations subtiles à Félix Leclerc, reposant dans le petit cimetière de Saint-Pierre, sur l’Île d’Orléans ; et une autre consacrée à son père lui aussi disparu, dans très une belle mise en forme de transmission de vie. Mais la vie des rencontres est aussi celle des belles surprises, Zachary Richard faisant partie de son panthéon d’inspiration. Aurait-il pu imaginer, lui qui aura chanté une aventure au sein du groupe Bon temps rouler, dans les Landes, qu’il allait partager la soirée avec celui qu’il admire et le rejoindre pour une chanson en fin de soirée ?

Et Zachary Richard, pour la seconde partie du concert, de monter sur scène et de captiver immédiatement le public, par sa présence,sa voix, son charisme. Une force de relation avec le public nourrie d’une Histoire exceptionnelle, celle de la Louisiane, comme incarnée dans l’artiste nous subjuguait. Très vite Zachary Richard nous faisait entrer dans son jeu, dans un rythme effréné avec un grand élan participatif. De grands moments d’émotion scandaient la soirée, Au bord du lac Bijou, Zachary Richard ayant invité Alexandra Hernandez à le rejoindre ; Au bal du Bataclan, une superbe chanson composée en relation avec Charlelie Couture sur l’épisode tragique du 13 novembre 2015, transcendé en douceur poétique pour un hymne à la vie ; La ballade de Jean Batailleur bien sûr, qui m’amenait à penser à l’artiste Roger Genois, de Québec, venu si souvent sur nos îles l’interpréter ; et tant d’autres, comme L’arbre est dans ses feuilles, avant le final. Concert qui portait l’Histoire de tout un peuple de langue française quelle que fût et soit encore l’adversité, perlé d’humour tout en finesse, de poésie, pour une soirée d’exception qui nous aura rempli d’un bonheur intense.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

7 août 2018