Nouvelle Etoile un soir d’hiver

Il est des rêves de route vers les étoiles qui mobilisent jusqu’aux plus grandes fortunes. A Saint-Pierre et Miquelon, L’Etoile s’inscrivait au passé – comme toute étoile d’ailleurs, l’image qui nous parvient ayant pris tout son temps -; salle de danse désormais mythique, au coeur de la vie insulaire du temps des flottilles de pêche, des Espagnols qui venaient ici, chez eux. 

L’Etoile a retrouvé nouvelle vie samedi 26 janvier 2019, grâce à sa propriétaire et à l’association Cacophonie. Nous étions une centaine à avoir réservé pour une soirée musicale privée, registre cabaret, aux accents manouches, Django Reinhard ayant fait des émules jusque sur nos îles.

Enfin !, me suis-je dit, conquis par le décor. Enfin !, un volume sans angle mort à la mesure de soirées propices à des expressions multiformes. Du beau travail et un dynamisme qui faisaient chaud au coeur. Nous étions soudain dans la chaleur intime qui prévaut pour une soirée réussie, tables joliment apprêtées, vin, tapas à disposition.

Les quatre musiciens qui montaient soudain sur scène auront conquis le public. Mickaël Cloony à la guitare rythmique – la pompe comme on dit dans ce style musical -, Alexandra Hernandez à la contrebasse et au chant, Thierry Artur au melodica et Eric Poitras à la guitare. Manquait Jérôme Anger, le cinquième membre de ce groupe, en déplacement.

Le quatuor s’en donnait à coeur joie et la fougue du swing était communicative. Répertoire des années jazz manouche qui auront fait vibrer les caves de Paris, et quelques évocations complémentaires comme Ménilmontant, par exemple, révélaient la pleine maîtrise des musiciens sur scène, le tout, dans les dialogues entre instruments et voix, bien équilibré, mis en place et mené avec assurance.

Clin d’oeil final tourné vers le temps des bals, rappels chaleureux… Nous aurons vécu un Saint-Pierre revivifié, celui qui transporte dans une joie partagée et nous aurons goûté cet espace-temps comme une potion magique.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

27 janvier 2019