Marionnettistes et marionnettes

« Marionnettiste 

J’ai des ficelles à mon destin

Tu me fais faire un tour de piste 

Mais où je vais je n’en sais rien  » chantait Bachelet.

Nos gouvernants incarnent le Pouvoir ; ils savent l’utiliser. Au service de quoi et de qui ? Telle est la question double. Nous évoluons dans un contexte de 5e république conçue par un président monarcho-bonapartiste qui avait dans les années 60 de grandes marges de manœuvre. C’est ainsi que De Gaulle n’hésitait pas à se démarquer de l’OTAN pour échapper à la coulpe américaine.

La réorganisation du monde a bouleversé ces données, dont le choc américano-chinois actuel est révélateur. Mais dans le jeu redistribué, ces grands ensembles n’oublient pas de se protéger. L’Europe aura pris la voie de l’ultra-libéralisme, ce qui n’aura pas empêché l’Allemagne, son fer de lance, de conserver des gardes-fous. Côté France, c’était oublier sa forfanterie, hier plus royaliste que ses rois, aujourd’hui plus néo-libérale que Reagan et Thatcher. Mais en bradant son bien à l’encan, peut-elle s’imaginer demain plus riche ?

La France vendue à la découpe de Laurent Izard fait un terrible état des lieux. Quelle est désormais la marge de manœuvre ? Ses dirigeants tardent à prendre des mesures significatives de protection nécessaire. Marionnettistes eux-mêmes marionnettes sans s’en douter, ou, ce qui est pire, dans l’acceptation consciente ?

Etats, multinationales, fonds de pensions, richissimes mènent la danse macabre pour la planète. Leur arrive-t-il de chanter, comme Christophe : « Moi je construis des marionnettes / Avec de la ficelle et du papier » ? Marionnettes savantes qui chanteraient à leur tour le même refrain… Et tout en bas, d’étranges figurines de jaune, de rouge, de bleu, de noir, de blanc, de gris, vêtues…

Tout le monde dansant à sa manière comme dans un roman de Jean Teulé.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

30 janvier 2019