Comme vache qui pisse…

Il pleut comme vache qui pisse. Mais un jour ne risque-t-on pas d’entendre de la bouche d’un enfant : c’est quoi une vache, vu qu’il n’y a plus de bovidés vivants sur nos îles depuis belle lurette ? Le lait longue conservation n’est qu’un pis-aller. Je sais ce qu’est une vache, j’en ai vu sur ma tablette, dira l’enfant piqué au vif. Laisse pisser… La vie enterre tant de vécus sans transmission. Un jour viendra où nos descendants penseront que le poisson a la forme d’un fishstick, m’a fait remarquer un ancien marin-pêcheur. C’est sûr, surtout qu’il n’y a pas d’arêtes et que c’est plus facile à becqueter ; peut-être même qu’il n’y a plus de goût de poisson d’ailleurs. 

J’ai vu des canards s’envoler aujourd’hui alors qu’il ne faisait pas froid en ce jour de février. Bizarre, me suis-je dit. Mon regard venait de s’arrêter sur quelques moutons, au large. Le bateau qui nous avitaille devrait enfin arriver, me suis-je ajouté. Dans la foulée j’ai été surpris de croiser rue maréchal Foch un Beagle, noir, blanc et feu alors qu’il ne faisait décidément pas un temps de chien. On peut facilement être pris au dépourvu. Peut-être avait-il décidé de poser un lapin à son maître chasseur. Tag ! de s’époumoner ce dernier. Tag le jour, avait sans doute l’habitude de n’en faire qu’à sa tête. Tag gueule le soir, dans son parc entouré d’un treillis avec un grand trou puisqu’il peut s’échapper. Mais peut-être que ce chien à la bouille sympathique ne s’appelait que Médor. Puis j’ai marché derrière des voitures qui allaient au pas de l’oie de coin en coin. Tout cela n’est-il pas un peu bête ? me suis-je interrogé.

Ce soir j’entends la pluie couler comme vache qui pisse dans la gouttière alors qu’il n’y a pas un chat dehors. Je me demande bien ce que la vache fait sur le toit.