Contre mauvaise fortune, bon coeur ?

Le plateau du Journal télévisé du 12 février 2019, avec le président du Conseil territorial au sujet principalement des installations portuaires de Fortune, au sud de la péninsule de Burin, à Terre-Neuve, suite à l’acquisition de nos deux ferries, aura plus nourri ma perplexité qu’apporté les éclairages d’un « pari » « raisonné » et partant, rassurant.

La Collectivité territoriale signe avec l’Autorité Portuaire de Fortune (au fait, quel est son statut ?) une convention de dix ans pour un versement annuel de 525 000 $ par an. Qui paiera ? Les contribuables ? Que nenni, nous rassure-t-on, mais les « usagers »… Peut-on croire au vu de la fréquentation touristique depuis la mise en route des ferries que le compte y sera ? (ce chiffre mériterait d’être précisé) Il y aurait aussi les voitures… Imagine-t-on des centaines de véhicules canadiens venant goûter nos chaussées lépreuses ? Ah ! J’oubliais. Plus de 1000 véhicules locaux ont été transportés entre Miquelon et Saint-Pierre en 8 mois (1000 en tout ou 500 x aller-retour ?) Le tarif n’étant pas le même avec Fortune, peut-on anticiper une telle montée en puissance ? Il y aura aussi le fret… Une DSP (Délégation de Service Public) n’est-elle pas en cours pour le transport maritime via Halifax ? Quand viendra le moment de s’y pencher à nouveau, peut-on imaginer une réorientation avec Terre-Neuve exclusivement, compte tenu du volume transporté ? Si non, quel peut être alors le seuil de couverture ?

A la question posée par la journaliste sur le prix du billet qui peut être dissuasif, la réponse du président suscite son lot de perplexité : « Tout à fait, répond-il, nos équipes travaillent déjà à une refonte de l grille tarifaire justement pour être attractifs ». Comment peut-on espérer une baisse alors que l’impact de l’engagement de dix ans répercuté sur les usagers laisse augurer une charge conséquente?

Concernant l’engagement financier gobal, qu’est devenue la participation de la partie canadienne ? (municipalité de Fortune, province, fédéral, mais aussi la part de risque du secteur privé)

Quant à la rampe, une fois installée, elle restera notre propriété. Il faut la tenir en effet si on veut garder la forme car la lâcher pourrait nous faire clamser.

Est-on invité, dans l’attente de ce qui nous tombera dessus, à faire tout simplement contre mauvaise fortune bon cœur ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

13 février 2019