A l’accore du temps

Grisé mains dans les poches chaudes

de ma parka d’hiver joues brassées

par le vent aux vagues émeraude

sur la rive aux roches glacées

j’observais les oiseaux s’ébrouer

sous les gifles folles des embruns

L’Anse à la Chaudière était marmite

de mousse agitée gorgée de sel

A portée de regard un ermite

de pierre miroitait son ocelle

sur la nappe mouvante turquoise

en faisant le dos rond sous l’azur

Langlade s’estompait sous un voile

de brume dans un flou de falaises

timides et tendres sur la toile

alanguie à l’horizon cimaise

Sur la droite comme un trait de plume

se dressait un guetteur aux jumelles

Saisi par l’intensité sonore

dans le grondement sourd de la houle

je n’étais plus qu’atome à l’accore

du temps qui te roule galet et te roule

sans fin pour te faire naître monde

onde quantique de symphonie

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

13 mars 2019