Chronique du 16 décembre 2003

Saddam Hussein remplace in extremis Jésus en couverture de Time Magazine, apprend-on en ce mardi 16 décembre 2003. Un barbu contre un autre barbu, nous précise-t-on. De quoi décourager le Ressuscité, tu admettras. On m’a fait une croix dessus, les bras m’en tombent, aura-t-il certainement dit à son père (je dis ça, comme dans les émissions télé où l’on discute à perte de vue de ce qu’on ne sait pas). A quoi bon fêter Noël, aura peut-être murmuré la Vierge Marie en femme respectueuse.

Similitude dans le parcours de ces deux têtes d’affiche, la trahison dont elles auront été victimes. 12 deniers pour l’un, 25 millions de dollars pour l’autre ; c’est ça l’inflation. Mais dans le premier cas, Judas s’est pendu. On se demande ce qui se passera pour le second, vu que pour l’instant il s’agit d’un anonyme.

Là s’arrête la comparaison, me diras-tu. Certes, te répondrai-je, vu que Saddam ne sera pas jugé au Texas. Et Jésus n’avait pas de kalachnikov, me susurre mon ange. Et 750 000 dollars non plus, vu que le paradis terrestre n’existait plus.

Mais Saddam risque toutefois d’y laisser sa peau s’il est jugé en Irak et non par un tribunal international comme Milosevic. « J’ai mes opinions personnelles sur la façon dont Saddam Hussein doit être traité, a dit Georges W. Bush, mais je ne suis pas un citoyen irakien. Ce sont les Irakiens qui vont devoir décider ». Devine, ô lecteur, qui joue déjà le rôle de Ponce Pilate.

Bon, assez de cette comparaison foireuse, t’écrieras-tu et je te comprends nom de Dieu ! Consacrons-nous aux achats de cadeaux, vu que les commerces à Saint-Pierre et Miquelon sont ouverts en nocturne dans l’attente de la naissance imminente du petit Jésus. Je vais voir s’il n’y a pas un guignol en celluloïd à l’effigie de Georges Bush qui fait « pouêt-pouêt ».

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
16 décembre 2003