Chronique du 4 janvier 2010

Après la desserte de la fin 2009, voilà qu’on nous ressort le plateau, d’entrée, en 2010. Décidément, on ne va jamais réussir à s’extirper de la salle à bâfrer. On se dit qu’on n’a pas fini de se bidonner ; parce que ça nous gonfle la panse bête forcément. Pour peu qu’il faille encore tout remettre à plat, on va vivre derechef à couteaux tirés, la fourchette d’erreur étant plus mince d’une tranche de jambon de Parme dans une assiette de nouvelle cuisine.

De quoi avoir les foies, gras, ceci dit, de préférence, avec un petit blanc doux frais à souhait, ô maître-queue, pour apprécier le menu. C’est quand même mieux qu’avec du coca-cola. À ce rythme on va nous ramasser à la petite cuiller, ça s’est sûr. À moins qu’on ne l’avale, parce qu’on finit par se dire que c’est peut-être le but de la cuistance. Mais bon, ce ne sera pas si facile que cela, car tu en as dans le buffet, n’est-il pas vrai, mon frère ?, surtout quand l’argent te rit au nez (dans les sous-couches pétrolifères des eaux profondes).

Au moins, avec toutes ces gamelles, on ne risque pas de s’ennuyer comme un croûton de pain derrière une malle. (celle que de grands gourmands voudraient sans doute qu’on se fasse)

Car ici, affirmons-le, forte tradition ancestrale oblige, nos eaux sont de vie, plusieurs fois séculaires.

Surtout qu’il s’agissait comme nous l’aura précisé notre député, à propos de cette résurgence du plateau continental, d’une « fausse mauvaise nouvelle », vu que c’était du réchauffé.

Aussi conclurai-je, comme on le disait du temps de mes vertes années à l’issue d’un bon petit plat de consistance : «  À vous ! Cognac j’ai ! »

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 janvier 2010