De la détresse…

La détresse ferait-elle partie de notre vécu insulaire ? Chacun ne vaque-t-il pas à son ordinaire sans se poser cette question, à moins d’y être confronté, soi-même ou dans son entourage ?

Les témoignages pourtant ne manquent pas si on prend le temps de s’informer. Population vieillissante, personnes en grande dépendance, maladie d’Alzheimer très répandue, mais structures adéquates et personnels qualifiés insuffisants, sont au cœur d’une réalité insuffisamment prise en compte.

Désarroi, détresse se déploient dans un monde parallèle à celui pour lequel tout semble rouler comme il se doit sur le macadam de l’insouciance.

Que de temps perdu dans l’alternance entre silence et palabres pour apporter des réponses appropriées ! 

Détresse chez les personnes directement touchées mais aussi – et c’est un aspect clef souvent négligé ou méconnu – chez les « aidants », amenés à suppléer les carences.

Implications physiques, temporelles, matérielles, psychologiques, au-delà de l’humainement supportable, ne sont pas perçues à leur vraie mesure. Le sentiment d’abandon est prégnant.

En métropole, un ami malade de Parkinson, aujourd’hui décédé, m’aura fait part de nombreuses observations quant à cette dimension négligée du poids que portent ainsi les « aidants » ,« entre détresse et tendresse », comme il l’aura écrit.

Quant aux grandes décisions, elles attendent les grands-messes des tapis verts.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

4 avril 2024