Chronique du 12 juin 1999

C’était du temps de ma jeunesse. Mais non, lecteur impitoyable, c’était il n’y a pas si longtemps que cela. Une voix masculine, chaude et ronde annonçait régulièrement quand l’ORTF se pointait sur les ondes « La voix de la France en Amérique du Nord ».

Puis est venu le temps d’une certaine maturité. Je dis « certaine » car je n’en suis pas certain. Et me voilà sollicité pour les Européennes. Pour aller voter bien sûr. Restons modeste. Je n’imagine pas ma tronche sur les affiches aguicheuses qui ont fini ces jours derniers par faire le trottoir.
« Saint-Pierre et Miquelon, c’est aussi la présence et donc le rayonnement de l’Europe en Amérique du Nord », écrit le député dans un petit dépliant remis à nos boîtes postales suspectées d’abstentionnisme. Bref, Saint-Pierre et Miquelon, c’est l’Europe.

Et comme on va vers la mondialisation des échanges, des conflits, des périls en tous genres et des flux monétaires, Saint-Pierre et Miquelon sera bientôt le monde en Amérique du Nord.

À moins qu’avec Internet qui nous rassemblera bientôt dans un village global, nous devenions soudain ce village dont nous ne sommes peut-être jamais sortis.

Saint-Pierre et Miquelon, le village global en Amérique du Nord et le reste tout autour.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
12 juin 1999