Chronique du 30 Octobre 2000

Dehors les jeunes ! Ainsi pourrait-on résumer la pétition adressée en ce mois d’octobre 2000 au Maire de Saint-Pierre par une poignée de riverains de la rue Abbé Pierre Gervain pour tapage et pétarade occasionnés par les jeunes qui fréquentent le complexe sportif à ciel ouvert, connu autrefois sous le nom de Parc des Lions.

” Monsieur le Maire, vous êtes garant de la tranquillité de la population, nous vous demandons de faire arrêter ce tapage en fermant ce parc (qui n’a pas sa place dans une agglomération) ” écrivent les signataires.

Exit les jeunes, vive les camps de concentration éloignés des centres-villes ! C’est vrai quoi ! Une ville sans jeunes, sans terrains de jeux, sans bars, sans lieux de rassemblement, une ville avec des rues réservées aux bagnoles pour adultes bien assis, bien rassis, ce serait nettement mieux ! On pourrait continuer de vieillir en paix et regarder pénard, les panards loin des moutards, les jeunes Palestiniens jeter des pierres, à la télé ou une émission de Delarue consacrée à l’exclusion des jeunes.

Dans la réponse du 1er Adjoint, on découvre qu’aucune réclamation n’était pourtant intervenue avant le dépôt de ladite pétition. Le commandant de gendarmerie s’est même étonné de ce mouvement d’humeur inattendu. Expliquer, parler aux jeunes, oui, précise l’édile. Les exclure, non.

Ouf ! Je respire ! ” Bien sûr, il ne doit pas y avoir de dérives (bruit, insultes, nuisances, etc.). Nous veillerons donc à les éviter en 2001 par le dialogue et le respect mutuel dans un climat de tolérance réciproque “. Re-Bravo, monsieur le 1er Adjoint ! Écoute, dialogue, prise en compte des points de vue, bref les trois mamelles d’une humanité ni trop folle ni trop vache. J’acquiesce.

Soudain la stupeur ! ” Dans un souci d’apaisement, la Municipalité a décidé de prévoir au budget 2001 une enveloppe substantielle pour la confection d’un mur grillagé autour de ce parc avec une porte. ” Avec un mirador ? Le tout pour la bagatelle de… 280 000 francs !

Bref, des grilles aux fenêtres (c’est parti avec la nouvelle pharmacie), des grillages partout (pour arrêter le son), des chiens policiers et la milice, quatre par quatre, prête à bondir !

Question.

Avec 280 000 balles, n’y aurait-il pas la possibilité de développer des animations susceptibles d’intéresser les jeunes tout en les impliquant dans l’organisation, l’animation, pour que la vie soit un peu moins chiante ?

Et me revoilà parti à chanter (mais pas trop fort de peur qu’on me mette derrière des grilles), une chanson de Maxime Le Forestier :
” Fallait déjà se lever tôt
Pour trouver un brin d’herbe “.
Une histoire de grilles fermées. Mais c’est à Paris, au Jardin du Luxembourg.
Ah ! Si on pouvait y envoyer les jeunes de Saint-Pierre ! Ça ferait du bruit, mais ailleurs.