Chronique du 15 avril 2004

« La vérité cachée derrière un écran de fumée », titrait récemment le Vent de la Liberté, déplorant qu’il y ait eu feu devant la Préfecture et fumée opaque subséquente. « Il n’y a pas de fumée sans feu », ironisait l’Echo des Caps le 9 avril 2004.

Patatras ! Plus question de mettre le feu à nos déchets ; partant, plus de fumée. L’environnement est au cœur des préoccupations, apprenons-nous soudain. Ah bon ? Il y avait le feu et on ne le savait pas ? Nom d’une pipe !

Car les riverains s’alarment des fumées de l’incinérateur ; l’un d’entre eux menace même de porter plainte pour « empoisonnement », de quoi empoisonner, bonne mère, la maire de Saint-Pierre. Fini l’incinérateur ! Place à notre bonne vieille « dump » ( de l’anglais to dump, jeter, comme tu le sais déjà). Et les détritus de s’amonceler ! Et les goélands de s’en donner à tire d’ailes ! Et la peur de voir les rats de se répandre par le moindre trou de souris ! Après la Veuve de Saint-Pierre, la Peste ? de s’interroger un cinéaste… De quoi se mettre la rate au court-bouillon.

Car les fumées sont-elles toxiques ? Aurons-nous droit à la vérité maintenant que le feu est éteint ? Il n’y a pas de médecin attitré à la DASS pour humer la qualité de l’air, avons-nous appris en ce 15 avril 2004. Ah bon ? même pas moyen de se faire une idée au pif alors ?

Ras le bol d’avoir les fumées dans le pif ! de s’exclamer les uns ; on l’a dans le caca ! de s’écrier les autres. « On ne peut plus se sentir ! » de s’indigner d’aucuns. Tout ça c’est à cause du vent ! de déplorer une fataliste. Un vrai micmac quoi ! d’en rajouter un autre ! Y a des signaux qui ne trompent ! de préciser un spécialiste.

Mais le risque n’est-il pas, maintenant que l’incinérateur est éteint, que l’on nous rétorque : “Attendez ! Y’a pas le feu…” ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
15 avril 2004