Flop ou aiguillon ?

Le symposium sur la valorisation des déchets aura-t-il été un four ? Oui si l’on se réfère uniquement à la réponse du public qui aura répondu par… une absence massive : une vingtaine de personnes seulement la première journée- essentiellement des élus, des politiques ou des techniciens de services -, une dizaine la seconde, avec la même composition.

Contraste saisissant entre le terme retenu – symposium -, la mise en scène – grande tablée d’animateurs sur la scène du Centre culturel – et une salle désespérément vide. La parole n’aura touchée qu’un cercle de personnes déjà initiées.

Pourtant le sujet était d’importance, l’action du Clef (Centre Local d’Etude et de Formation, association présidée par monsieur Philippe Guillaume) s’inscrivant dans la volonté affirmée de l’Archipel de faire face au problème de ses déchets. La démarche proposée venait-elle en concurrence du plan retenu par les autorités et non encore présenté à la population ? Peut-il y avoir télescopage entre la nécessité de l’incinération retenue dans l’un, nécessitant pour le fonctionnement un certain volume et la volonté de traiter les déchets de l’autre ? Peut-il y avoir complémentarité dans l’action des pouvoirs publics et la démarche associative ? Les financements nécessaires aux démarches des uns et des autres se recoupent-ils ou se font-ils concurrence ? L’Archipel pourra-t-il assumer, par le biais de taxes supplémentaires alourdissant la pression sur le contribuable, l’ensemble de ces dispositifs ?

L’entente intervenant entre un organisme de Nouvelle-Ecosse passé maître dans le traitement des déchets et l’association locale peut-il être suivi d’effet alors que le gouvernement fédéral canadien refuse l’acheminement de ces déchets vers le Canada ?

Nombre de questions importantes restent donc en suspens, la population étant restée étrangère à ces débats. Problème de calendrier ? Précipitation alors que le plan d’élimination des déchets n’a pas encore été discuté au Conseil général ni présenté au grand public par ses concepteurs ? Luttes intestines ?

Quelles que soient les réponses possibles, il n’en reste pas moins que subsiste un véritable problème de santé publique que les participants n’auront pas manqué de souligner. Amorcer le débat relevait nécessairement d’un travail de pionniers, ce qui n’entache pas l’ampleur du défi à relever.

Que deviendront nos îles si nous ne sommes pas à même de résoudre un énorme problème sur lequel nous avons certainement trop fermé les yeux ?

Henri Lafitte, 15 octobre 2004