Chronique du 21 novembre 2005

Programme politique d’un non-candidat, (non astreint à des considérations électoralistes) – Programme pour qui veut le prendre ou s’en inspirer – sans copyright.

Tout simplement parce qu’il n’est qu’une synthèse de diverses prises de positions ou d’analyses et qu’il ne répond à aucune prétention d’originalité.

Obole dans le pot de la réflexion collective

Objet du jour : la desserte maritime

La nouvelle crise de la desserte maritime aura été l’occasion de définir une nouvelle fois, dans la plus pure tradition de notre insularité, qui étaient les cons de circonstance, comme on l’a fait hier et comme on risque de le faire, malheureusement demain, attitude auto-destructrice récurrente s’il en est, mais tellement plus confortable quand, individuellement, on se dit, avec un « bon sens » calculateur, qu’on va se débrouiller et s’en tirer. Comme si l’avenir de l’Archipel pouvait se satisfaire, en les assurant de leur permanence, les assouvissements individuels.

Partons d’un constat : l’émergence d’Alliance SA s’est opérée dans un contexte d’insatisfactions vis-à-vis du système qui existait, suite à l’impossibilité pour les parties rivales de trouver le point de convergence, la synthèse nécessaire et le modus vivendi. La guerre des mondes devait avoir lieu. En aura résulté une lutte fratricide, humainement lamentable, qui aura entraîné la mort de l’entreprise de l’un, un acharnement minable et inacceptable sur des hommes, sans garantir la survie de l’autre qui aura cru avoir gagné. Mais quel sens donner à cette illusion de victoire, grands dieux ?

Très vite, le nouveau système aura montré ses limites, malgré un engagement financier de l’Etat important, en dépit des rallonges, dans un cadre de ce qui ressemble, au vu de ce qui ressort sur la place publique – n’aura-t-il pas été question lors d’un journal télévisé de la bouche même d’un responsable de la compagnie, de promesses financières non tenues ? – , à un marché de dupes. Il reste que s’il faut avoir l’honnêteté de reconnaître l’engagement de l’Etat, sans doute faut-il jeter un regard critique sur sa mise en œuvre, sans oublier les efforts réels sans doute, de la société qui aura cru être en situation de relever les défis.

Concrètement, la subvention de 2 millions d’euros environ allouée à la société Alliance SA sert à louer un bateau étranger. Autrement dit, l’argent transite par l’Archipel et fout le camp ailleurs.

Alors qu’il serait temps de mettre en place une société d’économie mixte, comme l’a indiqué le président du Conseil général. On pourrait alors acheter un bateau – une fois qu’on aurait déterminé le type de navire approprié sans avoir la folie des grandeurs – avec l’engagement de l’Etat, l’argent ainsi investi donnant un outil qui resterait propriété de l’Archipel. Ce bateau ne pourrait être propriété privée ; on en a trop vu les limites dans le passé.

Le bateau serait alors confié à un groupement d’opérateurs pour une durée à déterminer, pas trop longue toutefois, intégrant quoi qu’il en soit, une évaluation régulière par un comité de quelques personnes représentatives de différents secteurs – importateurs – distributeurs – consommateurs – collectivités – Etat, comité qui s’appuierait pour rendre leurs conclusions sur les données d’experts – économistes, banquiers – pour reconduire le contrat ou le modifier.

Car il faut éviter le recours à une flotte administrative qui, par son mode de fonctionnement, oublierait toute notion de recherche de rentabilité, de limite dans les dépenses de fonctionnement, qui pourrait, à terme assez rapide, préparer un scénario corse.

La solution passe par le respect des partenaires, l’acceptation que sans l’engagement du secteur privé – ce qui induit celle de la notion même de profit, à condition qu’elle soit contrôlée -, on n’arrivera pas à s’en sortir. N’a-t-on pas tendance trop souvent à imaginer des solutions kolkhoziennes, système qui historiquement a fait largement la preuve de son inefficacité.

Il faut donc s’atteler à mettre en place une synthèse d’éléments qui peuvent apparaître comme contraires, mais qui, dans une bonne intelligence de tous les partenaires, dans notre contexte archipellien, pourrait fonctionner, en évitant la poursuite de la descente aux enfers..

En dépassant le « Yaquafauquisme » dont on se satisfait trop souvent.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
20 novembre 2005

P.S. Analyse qui peut être triturée, amendée, mais qui cherche à mettre en exergue une philosophie générale, pour qu’un dialogue s’instaure.