Chronique du 4 novembre 2005

Alors que l’on se lance aisément dans des enquêtes qui font mine de ronger le sang – histoire d’adultes qui se font peur auscultant la jeunesse, par exemple -, lorsqu’il s’agit d’obtenir des données sur des questions essentielles, nombre de cas de sida sur l’Archipel, taux de leucémie jugé par le commun des mortels comme étant en augmentation, plus question de chiffres, pas de données, bref, c’est l’omerta.

Une jeune femme frappée dans ses fibres par la leucémie qui aura emporté son père n’aura pas eu la langue de bois au cours du journal de Vingt heures du 3 novembre 2005. Elle aura relevé plus d’une dizaine de cas du même ordre, chiffre qu’elle juge important au regard de la population. Mais ce cri d’alarme peut-il être entendu ? S’il faut qu’il y ait quelqu’un de touché chez les autorités pour que le dossier avance, allumons alors des lampions, aura-t-elle alors conclu. « Fais ta prière », comme dit la chanson.

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Après la journée des morts, c’est donc le réveil de ceux qui voudraient bien survivre. Qu’en est-il par exemple de la décharge publique et de ses émanations à fort taux de suspicion garanti ? S’il est un cancer qui nous ronge, n’est-ce pas celui de la parlote sans effet ?

La petitesse de la communauté de l’Archipel ne mérite-t-elle donc qu’un silence de mort quand des questions existentielles sont ainsi posées ? Tiens, ça me rappelle une petite chanson écrite un 31 août 1995 (comme le temps passe) : « Paraît qu’il attendre / Paraît qu’il faut s’terrer / Comme des lapins dans les terriers / Tu vivras mort et enterré / Mais pour un peu qu’tu ne meurs pas / On t’baptisera Mururoa ».

Tu pourras toujours essayer de vivre sur ton nuage.

N’as-tu pas l’impression, ma poule, de demander un téléspectateur à sa tendre compagne, que le pays est en train de se gripper en ce début d’automne ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 novembre 2005