Chronique du 20 mai 2007

« Le temps est une donnée cruciale de l’action humaine », écrit Erick Orsenna, de l’Académie française, dans son ouvrage « Un monde de ressources rares ». Et d’ajouter : « N’oublions pas le fait que le temps long est une donne que les politiques savent mal prendre en compte, leurs rythmes à eux sont plus rapides. »

A donner d’entrée l’image d’une agitation incessante, de mettre en exergue le combat sur tous les fronts en même temps, la nécessité de faire vite, voire plus encore, le nouveau président élu ne risque-t-il pas de confondre à terme vitesse et précipitation ? Les infirmières bulgares ne sont-elles pas toujours emprisonnées en Lybie ? Ingrid Betancourt ne risque-t-elle pas de souffrir de la focalisation empressée sur son sort, sans avoir pris en compte la complexité du terrain ?

Le footing du guide suprême ne risque-t-il pas bientôt de faire contraste avec les futures mises à pied au sein d’entreprises qui n’auront pas retrouvé leur souffle ? En définitive, cette agitation permanente définit-elle une vraie politique de développement ?

Les Français entraînés dans le maelström médiatique risquent d’être confrontés bientôt à une réalité beaucoup plus triviale ; ils risquent fort de rappeler à leur chef de file qu’ils ne veulent pas attendre puisqu’on ne leur aura inculqué que la culture du mouvement débridé.

Or, l’aventure humaine est beaucoup plus complexe, y compris dans ses données économiques et sociales.

Et si la France se rendait bientôt compte qu’elle n’est que… la France ?

« Il est à noter, aura dit le président de la république du Congo, dans des propos rapportés par Erick Orsenna, que la république du Congo qui renferme 50% des forêts humides d’Afrique, joue un rôle majeur dans le captage du dioxyde de carbone ». Espérons que la France ne se contente pas de brasser de l’air…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 mai 2007

Ouvrage cité : Le Cercle des Economistes et Erick Orsenna, Un monde de ressources rares, Perrin, 2007