Chronique du 19 mai 2009

Ne craignais-tu pas, ô lecteur, le conformisme de la pensée molle ? À voir tout le monde d’accord, en ce printemps 2009, ne risquions-nous pas d’échapper à la fantaisie de ce qui oppose, de ce qui divise en se multipliant ? Fort heureusement, le naturel aura pris le dessus. Nous nous étripons derechef.

Il est pas beau mon poisson ? de crier l’un. What a beautiful fish ! de s’écrier l’autre. Forcément, l’entente était, comme tu l’ imagines, impossible. Ainsi le bateau venu livrer sa cargaison à la nouvelle entreprise de pêche SPM Seafood est resté amarré aux bittes de l’incompréhension. Tu ne comprends pas, ô lecteur ? Moi non plus. C’était à qui débarquerait ou ne débarquerait pas à deux bonshommes près le poisson capturé, d’après ce que j’ai pêché sur les vagues de l’info. La population aura été invitée à venir acheter directement son poisson auprès des pêcheurs. Et l’avenir de la filière semble caler à nouveau, avant même d’avoir vraiment redémarré. Je… m’en… fish, tentera l’un. Tu t’en fiches ? réagira l’autre. Babel revisité, en quelque sorte. Madre de dios ! Mon gode ! My god ! Mes nuts ! Quel sac de nœuds ! On amarre ! Y’en a marre ! T’as vu sa raie ? Salaud ! Mate la lotte, oh là !

Autre capture du jour, la politique autour de l’application du RTSA, le revenu temporaire active (la solidarité, c’est comme les roses). 100 euros payés par l’Etat et 100 autres qui auraient pu se répartir entre 50 pour le Conseil territorial et 50 pour les patrons. C’est ce qu’avait souligné un conseiller de l’opposition, déplorant l’absence d’implication de la majorité à ce sujet. Et le président de l’Assemblée de le mettre au défi de convaincre les patrons avant d’aligner sa rallonge. Défi aussitôt relevé par l’opposition. Et de 50 euros qui seront peut-être mis sur la table. Et le président de se trouver ainsi pris au mot, aux maux des défis, gratuits car pas forcément payants. Devra-t-il payer ?

Problème de Verbe qui se fait cher, une fois de plus, dirons-nous. Car si l’un décide pour l’autre de ce qu’il peut faire avec sa caisse, la réponse fuse : c’est pas ta caisse. D’où, le pataquès qui s’ensuit, of course.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 mai 2009