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Govrache en concert

Première image captée, passé le seuil d’un bar, Govrache, tête coiffée, penché sur le retour de son sound check, cinq minutes vite ficelées, à peine descendu de l’avion qui l’amenait de Paris, via Londres, St. John’s, bref, le parcours de qui a choisi de venir sur nos îles. Comme de bien entendu – parce que je l’ai entendu, tu le sais bien -, j’ai voulu l’entendre davantage, par le truchement des traces numérisées que l’on appelle des CD… live.

Govrache_en_concert.jpg Le concert mis sur galette aura été enregistré le 13 janvier 2011 sur le bateau El Alamein, à Paris. J’y ai retrouvé les titres appréciés à Saint-Pierre et Miquelon à l’occasion du festival des Déferlantes atlantiques. « N’en déplaise », premier titre qui révèle d’entrée les thématiques décapantes de l’auteur-compositeur-interprète, ici accompagné d’Adrien à la contrebasse et d’Antoine au violon, formule trio que n’auront pas permis de transposer les prix prohibitifs des liaisons Paris-Saint-Pierre. « N’en déplaise », bon, ce n’est pas pour les coincés, surtout qu’ils peuvent en vivre des vertes et des bien mûres, sans le savoir. Les politiques d’ouverture ne se pratiquent pas forcément là où on les imagine.

Café de la gare, quelque part en Normandie, regard de l’artiste sur un habitué, et au bout du comptoir des prolongements, une superbe chanson, « Le bleu de travail ». Veine réaliste et chargée d’émotion pour nous dire, dans tous cheminements humains, y compris ceux des oubliés, des esseulés.

Mais l’humour est aussi dans le tissage de pièces savoureuses, à l’instar de « Comme un lundi ». Que dis-tu, ô lecteur, si d’aventure tu t’en retournes à ton bureau dans la répétition des semaines qui s’égrènent ? Ça va-ti ? – Bof, comme un lundi… Alors, ne sois pas surpris qu’un chansonnier rebondisse sur des mots aussi intenses que même t’en trouveras difficilement d’aussi synthétiquement révélateurs.

Comme tu peux le noter, j’en suis à trois chansons et il en reste huit, vu qu’il y en a douze. Je ne sais pas compter ? Comment ça ? Tout fout l’camp dans nos écoles ? Mais non, rassure-toi, il y a aussi une présentation de transition, Bla Bla… (mais non, c’est le titre). 3 + 1 + 8 =… Compte sur tes doigts. Ah bon ? Il t’en manque deux ?

« L’arriviste », ça c’est le cinquième titre, enlevé rythmique manouche. Poum tchak ! Une de mes chansons préférées, parce qu’elle décoiffe le conformisme qui nous guette dans le concept envahissant et déformant de « réussite » de la « petite bourgeoisie de France. » De quoi être « dépressif », non ? Du moins de la dépression que l’on porte, faute de mieux. Aïe ! Être moins « désespéré » que « désespérant »… Et le violon qui en joue… Tomber le masque, se réveiller, alors que la société nous enserre de mailles pernicieusement étouffantes. Allez hop ! Envoyez la musique ! Je me suis dit que des rencontres festives comme celles des Déferlantes atlantiques ouvraient aussi des fenêtres nécessaires à nos respirations.

« Avoir plus pour être plus heureux » ? Belle chanson que « Panne d’essentiel ». Comme une marche cadencée où l’on « tourne en rond dans le sablier ». De belles images et des mots justes. Govrache a ce regard percutant qui enclenche le sursaut créatif, de belle manière.

Douze titres, t’ai-je dit ? Bon, quelque part, une autre transition « bla bla » te permettra de te reprendre des deux mains. Entre-temps, difficile d’être resté insensible à Élise que tu t’imaginerais tambour matant. Une « vie de chien » n’est-il pas vrai ? Eh ! Du temps de mon Labrador, qui la menait, par gros temps d’hiver ? Les textes nous parlent, je te l’assure. Tu te retrouveras sans doute dans « Les soldes » une autre fort bien troussée, comme le slam final, dont je t’ai déjà dit le plus grand bien dans une autre chronique. « Ivresse »… Un petit condensé de sens.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
30 juillet 2011

Govrache, Govrache part en Live sur Seine, CD – 13 janvier 2011 –
E-Mail : govrache@yahoo.fr