Chronique du 13 mars 2012

Permettez-moi de vous écrire, mademoiselle, vous que l’on n’aura plus le droit d’interpeller, vous à qui l’on ne pourra plus demander pardon, comme le chantait Jean Ferrat. « Vraiment vous étiez si belle / Et puis vous sentiez si bon », pouvait-on répéter à l’envi dans nos imaginaires. Adieu nos délicatesses, par décision d’en-haut. Et vous mademoiselle Émilie qui viviez seule dans votre maison ? C’est Gilles Vigneault qui nous le dit.

Adieu mademoiselle qui faisiez « le jour de mes nuits » comme dans la chanson d’Henri Salvador. Qu’adviendra-t-il de nous « Mademoiselle l’Aventure » puisque vous ne serez plus. Qu’en pensez-vous Francis Cabrel ? Qui chantera le blues, Patricia Kaas ? Serons-nous « le cul entre deux chaises », Mademoiselle K ? Plus de « cocktail chez Mademoiselle », Laurent Voulzy. Loin de moi mademoiselle X, Clara Morgane ; cachez ce sein que je ne saurais voir. C’est fini, mademoiselle Lise, vous ne nous intimiderez plus. N’est-ce pas Gilbert Bécaud ? C’est vrai que vous y alliez un peu fort avec mademoiselle maman, Claude Nougaro. Envolées les ombrelles ! Effacées les prunelles mystérieuses. Plus de laine pour mademoiselle Madeleine aux 90 printemps. Tant pis, Maurane. Que d’étincelles désormais oubliées ! Que deviendra l’accordéon si vous n’êtes plus, Mademoiselle de Paris ? Mademoiselle swing ? Cela est si loin. Plus de Beautiful Mademoiselle, Arno. Il est vrai que s’il faut le déglutir en anglais…

Par circulaire du premier ministre, mademoiselle n’est plus. Du moins, dans les formulaires administratifs. Mais que sommes-nous en-dehors de la grande paperasserie ? Sommes-nous Chair si nous ne sommes plus Verbe ?

Adieu donc, mademoiselle ; rien ne fera que désormais nous puissions nous rencontrer. A mon corps défendant.

Un mot est mort, pour vous madame. Pardon mademoiselle, fuittt…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
13 mars 2012