Minute papillon…

Nous avons une minute de gagnée sur la nuit qui nous englue depuis plusieurs semaines. Une minute, c’est dérisoire, me diras-tu, tant le jour joue à cache-cache. Mais il suffit d’un rien, pour susciter subrepticement l’espoir.

Alors accrochons-nous à cette minute comme des étourneaux sur un câble distribuant aux humains l’électricité enjôleuse. 

Minute papillon ! Déjà ainsi interpellé, tu mesures l’importance de la minute. On n’est pas dans une course contre la montre quand un éclairage s’impose. J’ajouterai qu’on n’est pas à une minute près, ce qui peut te paraître paradoxal.

Une minute vaut quelque chose, je te l’assure, à l’échelle du temps homo sapiens. N’avons-nous pas observé une minute de silence pour la mort d’un ancien président de la république ? Une minute pour un septennat ! Tu mesures le poids du temps ainsi comprimé ?

Une nouvelle de dernière minute, le p’tit Jésus arrivera à l’heure le 25 décembre ! Sonnez hautbois, résonnez musettes ! Le temps nous semble être parfois un perpétuel recommencement, tel un jour de la marmotte.

Nous avons donc une minute de gagnée sur la nuit qui depuis plusieurs semaines s’impose.

Et ça, ô lecteur, ça méritait qu’on s’y attarde, par les temps qui courent, histoire de ne pas tourner en rond et d’échapper à ce qui nous assomme aux heures de grande écoute.

Henri LAFITTE, Chroniques insulaires

23 décembre 2020