Un conte de noël parmi d’autres

Que je te raconte.

C’était du temps d’avant le Big Bang. Dieu le pacha jouait avec un objet en forme de grenade – eh oui, les temps d’alors n’étaient peut-être pas si pacifiques -, quand tout coup ça lui échappa des mains et explosa, donnant lieu à une immense déflagration. Puis tout s’enchaîne, les atomes, les molécules, ça va très vite, ça s’assemble dans les galaxies, et, dans un coin paumé d’une voie laiteuse, une étrange planète bleue. Dieu a le blues forcément, d’autant qu’il a, perturbé comme il était,donné naissance à Adam et Eve qui lui ont joué in petto un sale tour en voulant en savoir autant que lui. Pourquoi tout ça ? se sont-ils mis à interroger en trouvant les premières réponses.

Brainstorming comme on sait le faire dans des comités de défense sur tout sommet élyséen d’aujourd’hui, Dieu envoie le Petit Jésus, mais comme il en connaît un rayon, il fait coïncider tout ça avec la période du solstice d’hiver, quand les jours envoient les premiers signaux de temps plus éclairés. Toute une embrouille en quelque sorte.

Il est une autre version. On dit, dans les milieux autorisés – ça doit être dans quelque journal du jour – que l’objet était en fait un condensé technologique dans un laboratoire et qu’un hacker aura fait exploser à distance, grâce à un virus subrepticement introduit. Pas de dieu pacha en l’occurence. La suite est la même, déferlement d’énergie tous azimuts, la terre et tutti quanti.

Quant à la suite, bien malin qui peut deviner où l’avenir crèche. On n’est jamais vacciné face à l’imprévisible.

Henri LAFITTE, Chroniques insulaires

25 décembre 2020