1992 – 2007 – Comme une quinzaine d’années vers l’incontournable… Rideau qui tombe un jour d’hiver précoce sur le passé de l’Archipel, 92 résonnant dans les souvenirs comme un couperet. Nous voici au terme du maintien vaille que vaille d’une activité appuyée sur les restes d’une industrie de la mer, dans des locaux vieillissants, comme un corps refusant la mort ; tout à côté, dans des installations plus modestes, au regard de la fébrilité d’antan, un redéploiement s’est effectué. vers d’autres ressources, à l’échelle du possible, constamment remis en cause, l’incertitude alimentant le lot du quotidien ; plus au nord, sur la grande île, l’aventure de l’élevage aquacole a engendré sa part d’attentes, de tâtonnements, de remises en cause… Désillusion en latence. Mais noix de l’espoir, encore. Puis nouveau différé annoncé avec 150 000 euros d’aide débloqués pour l’articulation d’une usine de 67 salariés sur 2008, en attendant mars, pour la fin, peut-être, d’une Histoire. Le gouvernement n’a pas reconduit la convention avec Interpêche, repoussant dans les mois qui viennent une refonte de la filière pêche.
Dans les filets de demain des chalutiers des mots, ne trouvera-t-on que missions, groupes de travail, tables rondes ? « La filière pêche doit être revue », de résumer le sénateur des îles ; nous sommes « au bout d’un système » d’ajouter le député.
La conférence de Bali a mis en exergue la difficulté pour l’Homme de prendre suffisamment en compte le sort de sa planète, malgré les cris d’alarme et les leçons de ses erreurs. Les coraux ne seront plus un jour qu’un souvenir ; là-bas, dans le bleu de l’imaginaire, les lagons pleureront leur disparition ; ici, les chaluts auront raclé l’abysse.
À l’échelle de vie de nos enfants, les îles voguent vers d’autres rendez-vous chargés d’interrogations.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
15 décembre 2007